Auteur de D’Irlande, de Limoilou et d’ailleurs, Denys Hawey partage pour nos lecteurs et lectrices ses souvenirs de jeunesse. Aujourd'hui, l'auteur évoque avec bonheur des traditions de son enfance qui remontent à ses années au primaire.
Les vendredis de mon enfance
Auteur de D’Irlande, de Limoilou et d’ailleurs, Denys Hawey partage pour nos lecteurs et lectrices ses souvenirs de jeunesse. Aujourd’hui, l’auteur évoque avec bonheur des traditions de son enfance qui remontent à ses années au primaire.
Quand j’étais enfant, j’adorais les vendredis.
Évidemment, c’était notre dernière journée d’école avant le congé de la fin de semaine.
Vous pouvez alors imaginer l’horreur que nous avions ressentie quand, arrivés au niveau secondaire, au cours classique dans un collège privé, mon jumeau Richard et moi avions été contraints d’aller aussi en classe le samedi matin.
Je soupçonne que ce changement était prémédité. Les autorités du collège privé voulaient probablement nous éloigner de nos amis de quartier qui, pour la plupart, fréquentaient la nouvelle polyvalente.
Ces derniers n’avaient pas de cours, le samedi matin, et ils continuaient à jouer ensemble, comme auparavant. Pendant ce temps-là, nous, le samedi matin, nous récitions des psaumes en latin.
La journée des plats « maigres »
Bref, pour revenir aux vendredis de mon enfance, tout était différent des jours précédents. Déjà, le vendredi matin, avant de quitter pour l’école, je m’informais du menu du midi. Je salivais déjà à la pensée de déguster ces plats que nous réservions strictement aux repas du vendredi. En effet, ces repas étaient maigres : pas de viande, religion catholique oblige.
J’adorais tous les plats « maigres » que ma mère et ma grand-mère Cendrine préparaient le vendredi midi : filets de haddock panés, feuilletés de saumon et œufs durs dans une sauce blanche onctueuse, crêpes, etc.
Arrivés en classe, nous pouvions ressentir l’effervescence dans l’attitude de nos compagnons. Le vendredi était une journée spéciale. Nous peinions à endurer la matière du matin, dans l’attente du vendredi après-midi.
Le « Salut au drapeau » de Ti-Marc
En début d’après-midi, tous les élèves de l’école étaient réunis dans le gymnase. D’abord, le directeur prenait place sur la tribune, à l’avant, pour son discours hebdomadaire. Il soulignait, le cas échéant, la performance remarquable d’élèves de notre école. Puis, il invitait l’élève attitré au « Salut au drapeau » à le rejoindre sur la tribune.
À Sainte-Odile, dans l’école réservée strictement aux garçons, c’était notre voisin et ami, Ti-Marc Bergeron, qui avait été assigné au « Salut au drapeau ». Je soupçonne qu’outre ses bons résultats scolaires, on ait reconnu la voix forte et claire de Ti-Marc, qui se démarquait en termes de décibels qu’il lançait dans la cour d’école pendant la récréation.
Ti-Marc montait solennellement sur la tribune. Il était nickel dans son uniforme d’étudiant de la Commission scolaire de Québec : pantalons gris, chemise blanche, cravate rouge et veston double-breasted bleu marin, avec une écusson à l’effigie de la Commission scolaire.
Encore aujourd’hui, plus de cinquante ans plus tard, nous nous réunissons au moins une fois par année, Ti-Marc, Daniel Roussel, mon jumeau et moi, avec nos conjointes, pour nous remémorer cette période de notre vie. Chaque fois, nous nous rappelons ces mêmes anecdotes de notre enfance que nous nous plaisons à répéter.
Le « Salut au drapeau » de Ti-Marc en est un incontournable :
Drapeau de ma province, saluts!
À toi mon respect, ma fidélité, mon amour.
Vive mon drapeau, vive ma province!
Après cette incantation lancée par Ti-Marc, tous les élèves réunis dans le gymnase entonnaient le « Ô Canada », l’hymne national des Canadiens français, qu’on qualifie maintenant de Québécois, depuis que l’ensemble du pays s’est approprié non seulement l’hymne, mais aussi le nom de Canadien.
Puni pour indiscipline
Une fois par mois, pour le reste du vendredi après-midi, la majorité des élèves assistaient à la projection d’un film dans le gymnase. Toutefois, les quelques élèves qui n’avaient pas eu de bons résultats, ou qui avaient été indisciplinés, étaient regroupés dans une même classe, en punition, pour faire des travaux supplémentaires.
Il m’était arrivé de subir cette sanction à quelques reprises, pour cause d’indiscipline en classe. Je dois avouer qu’à ma surprise, ces sessions punitives, qui regroupaient dans une même classe tous les joyeux lurons indisciplinés de l’école, avaient été très agréables, souvent plus divertissantes que le film réservé aux bons élèves.
Legs pour ses deux enfants et leurs propres enfants, D’Irlande, de Limoilou et d’ailleurs a fait l’objet d’un article sur Monlimoilou. L’histoire de famille et la vie de jeunesse de Denys Hawey, qu’il raconte en 426 pages enrichies de photos, est disponible exclusivement à la Librairie Morency.
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