Nickel : cessez d’opposer création d’emplois, environnement et santé

La ville que nous voulons est un groupe militant dont la mission est de veiller sur les affaires municipales de la ville de Québec. Dans cette lettre ouverte, le groupe s'oppose au « projet gouvernemental de l'augmentation de la norme de nickel ».

Nickel : cessez d’opposer création d’emplois, environnement et santé | 27 février 2022 | Article par Monquartier

Crédit photo: Jean Cazes

La ville que nous voulons est un groupe militant dont la mission est de veiller sur les affaires municipales de la ville de Québec. Dans cette lettre ouverte, le groupe s’oppose au « projet gouvernemental de l’augmentation de la norme de nickel ».

Une gifle aux revendications citoyennes

L’augmentation éventuelle de la norme de nickel constitue une gifle en réponse aux revendications citoyennes pour assainir l’air de Limoilou. Pourtant, ce quartier est pollué plus que (presque?) partout ailleurs au Québec (DSP, 2013). Mais nous verrons que ce changement règlementaire, éventuel, dépasse le quartier Limoilou et concerne des questions environnementales et économiques plus larges.

Nous avons consulté différents documents, dont ceux mis à la disposition du public par le Ministère de l‘Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques (MELCC), et nous avons constaté la dangerosité du nickel, seul, mais également en combinaison avec d’autres substances.

Conséquemment, à l’instar de l’Association québécoise des médecins pour l’environnement, nous demandons que les normes actuelles de nickel et de PST soient maintenues, mais également que les autres normes, relatives aux polluants atmosphériques, soient améliorées pour correspondre aux objectifs révisés de l’OMS en 2021 (WHO, 2000).

Lien entre COVID-19 et pollution

Par ailleurs, soulignons qu’il existe un lien entre la COVID-19 et la pollution atmosphérique selon certaines études. En effet, « les particules atmosphériques sont connues pour être le vecteur de nombreux contaminants chimiques et biologiques, y compris les virus (…) Ce que nous observons, c’est que les personnes qui sont exposées à plus de pollution ont tendance à être davantage infectées » (Québec Science, 2020).

Ainsi, la pollution de l’air augmenterait la prévalence de la COVID-19 en plus d’aggraver les symptômes de cette maladie chez plusieurs personnes qui l’attrapent, et ce, plus particulièrement chez les personnes résidentes des quartiers qui ont une qualité de l’air jugée polluée.

Conséquemment, nous exigeons que les autorités sanitaires effectuent des études épidémiologiques permettant de vérifier dans quelle mesure les Limoulois et les Limouloises ont été davantage affecté·es par la COVID-19 en nombre de personnes, en nombre d’hospitalisations et de soins intensifs, en nombre de jours passés à l’hôpital et aux soins intensifs. Il devrait en être de même pour d’autres quartiers pollués du Québec.

De plus, nous savons que la pollution de l’air est à l’origine de 300 décès prématurés dans la ville de Québec, soit cinq fois plus que les accidents routiers, et que seule la station du Vieux-Limoilou peut mesurer le niveau de différents polluants en provenance de la zone industrialo-portuaire de Québec (DSP, 2013 : CAPE QC. 2022). Or, elle ne peut que les mesurer partiellement en raison des vents qui les poussent dans différentes directions.

Conséquemment, nous exigeons que le MELCC installe de nouvelles stations pour mesurer les taux de contaminants en provenance de la zone industrialoportuaire, à Québec, mais également à Lévis, afin que nous puissions avoir un portrait plus complet de la pollution atmosphérique reliée à cette zone.

Mortalité des animaux

Par ailleurs, lorsqu’on aborde la question de la pollution, personne ne s’interroge sur la morbidité et la mortalité des animaux. Pourtant, une grande part des populations animales sont en diminution et la ville de Québec n’échappe certainement pas à cette tendance.

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Ainsi, nous demandons au gouvernement du Québec que soient vérifiés les taux de contamination des animaux sauvages susceptibles d’être affectés par la pollution générée par la zone industrialo-portuaire de Québec, incluant les animaux marins et ce, sans égard au fait qu’ils soient, pour le moment, en danger d’extinction.

Finalement, nous considérons qu’il est nettement insuffisant d’adopter des normes adéquates, de vérifier les taux de contaminants et leur impact délétère sur les populations humaines et animales, si aucune intervention significative n’est faite de la part du MELCC pour faire appliquer ces normes.

Car nous avons constaté que les seuils de nickel relevés à la station du Vieux-Limoilou sont carrément inacceptables et qu’aucune mesure significative n’avait été prise pour régler ce problème à la source, malgré les nombreuses démarches citoyennes (DSP, 2013 ; Ville de Québec, 2022)

Courage politique

Le courage politique est nécessaire pour que le gouvernement lance un message clair et sans équivoque afin que le MELCC fasse appliquer les normes environnementales et qu’il propose des amendements à la Loi sur la qualité de l’environnement, si requis.

Et ce même courage politique est nécessaire pour que le gouvernement du Québec adopte les budgets permettant au MELCC d’engager les ressources compétentes en nombre suffisant pour faire appliquer les normes. Les quelques millions de dollars prévus à ce chapitre sont insuffisants au regard des décennies d’austérité qu’a connu le MELCC et des défis environnementaux urgents auxquels nous devons faire face.

Si le gouvernement du Québec est sérieux dans sa volonté de préserver l’environnement et de créer de bons emplois, qu’il les crée de manière à favoriser directement la santé des populations et de l’environnement plutôt que de favoriser et de subventionner largement des industries polluantes, comme cet assouplissement afin de favoriser la création de batteries pour des véhicules électriques.

Tout potentiel bénéfice réalisé grâce à une augmentation d’une norme d’une particule, comme le nickel, doit se soustraire aux évaluations des impacts sanitaires de la pollution atmosphérique qui se chiffre à environ 30 milliards de dollars par an au Québec (CAPE QC, 2022).

Le Collectif La ville que nous voulons

Références :

– CAPE QC. 2022. “Préoccupations sur l’augmentation proposée des normes de nickel dans l’air : l’Association québécoise des médecins pour l’environnement (AQME) émet ses recommandations.” https://cape.ca/

– Direction régionale de la santé publique de l’agence santé et services sociaux de la Capitale-Nationale. 2013. Contamination atmosphérique dans l’arrondissement Lac Cité-Limoilou : la question du Nickel, avis de santé publique

– Québec Science. 2020. COVID-19 et pollution atmosphérique : des liens inquiétants, https://www.quebecscience.qc.ca/sante/covid-19-pollutionatmospherique-liens-inquietants/

– Ville de Québec. 2022. Mémoire de la Ville de Québec sur le projet de règlement visant un ajustement de la norme sur le nickel dans l’air ambiant, déposé au ministère de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques dans le cadre de la consultation publique sur le projet de règlement modifiant le Règlement sur l’assainissement de l’atmosphère

– World Health Organization. Regional Office for Europe. 2000. Air quality guidelines for Europe, 2nd ed. World Health Organization. Regional Office for Europe. https://www.euro.who.int/__data/assets/pdf_file/0014/123080/AQG2ndEd_6_10Nickel.pdf

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