Une maman « à la mode »

Auteur de D’Irlande, de Limoilou et d’ailleurs, Denys Hawey partage pour nos lecteurs et lectrices ses souvenirs de jeunesse. Aujourd'hui, il raconte avec fierté un talent singulier de sa maman, du moins, selon les normes de son époque.

Une maman « à la mode » | 4 décembre 2022 | Article par Monlimoilou

Denise Lemire (madame « Jean-Pierre Hawey ») au volant d’une Ford au
début des années 1950.

Crédit photo: Denys Hawey

Auteur de D’Irlande, de Limoilou et d’ailleurs, Denys Hawey partage pour nos lecteurs et lectrices ses souvenirs de jeunesse. Aujourd’hui, il raconte avec fierté un talent singulier de sa maman, du moins, selon les normes de son époque.

Ma mère, Denise, était en avance sur son temps.

Elle était la cadette de la famille. Son père, Charles-Édouard Lemire, lui avait appris à conduire bien avant l’âge légal. Déjà, à quinze ans, au début des années 1940, Denise était une conductrice aguerrie.

Au volant comme une vraie professionnelle

Mercury meteor 1967 du genre que conduisait ma mère quand nous étions enfants.

Au début des années 1960, lorsque mon jumeau Richard et moi allions à des activités sportives en ville avec des amis, nous pouvions toujours compter sur notre mère pour venir nous chercher.

Denise se faisait un plaisir de prendre la voiture familiale : une Ford Meteor Montego 1967, deux portes, toute élancée. Mon père avait acheté le bolide de son frère Jocelyn. Mon oncle Jocelyn était représentant commercial et il changeait de voiture tous les deux ou trois ans. Il avait toujours des voitures « flash ».

Denise conduisait le bolide à grande vitesse, toutes fenêtres ouvertes et la radio à plein régime. Mes amis, qui profitaient avec nous du transport offert par ma mère, n’en revenaient pas de voir une maman prendre le volant comme une vraie professionnelle. À l’époque, peu de femmes conduisaient, et encore moins de cette façon. Ils me disaient qu’on avait une maman à la mode, une femme « flyée »!

Je me souviens que ma mère, quand elle gardait la voiture, allait chercher mon père à son bureau, à l’hôtel de ville de Québec, en fin de journée. Nous devions partir assez tôt pour traverser le pont-levis, le pont Samson, au bout du boulevard des Capucins, avant qu’il ne lève et qu’il bloque la circulation. Je me rappelle aussi que maman partait toujours un peu tard, histoire de devoir peser sur le champignon et de passer le pont juste avant qu’il ne lève. Nous l’accompagnions et nous pouvions la voir rire et crier d’excitation quand nous passions le pont.

À fond la caisse!

Quand j’ai eu une vingtaine d’années, dans les années 1970, j’avais acheté une mini Austin. À l’origine, elle était blanche. Je l’avais peinte moi-même en noir, mais j’avais laissé une bande blanche au centre. Elle avait l’air d’une mouffette.

Il arrivait souvent à Denise d’emprunter la « mouffette ». Lorsque j’arrivais à la maison et que je lui disais devoir étudier pendant tout l’après-midi, elle me demandait la clé et partait avec la voiture. Le fait que ma voiture soit munie d’une transmission manuelle à cinq rapports ne l’intimidait absolument pas. Bien au contraire!! Toujours aussi fanfaronne, maman pompait le moteur en partant et elle faisait vibrer le très bruyant tuyau « silencieux », de type « stebro ».

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Souvent, Denise allait chercher sa sœur Jacqueline pour qu’elles se promènent à fond la caisse, un peu partout dans les côtes de la haute-ville et sur les Plaines d’Abraham. Au retour, Denise pensait toujours à faire le plein d’essence. Pour moins de deux dollars, je pouvais rouler pendant toute la semaine suivante.

Legs pour ses deux enfants et leurs propres enfants, D’Irlande, de Limoilou et d’ailleurs a fait l’objet d’un article sur Monlimoilou. L’histoire de famille et la vie de jeunesse de Denys Hawey, qu’il raconte en 426 pages enrichies de photos, est disponible exclusivement à la Librairie Morency.

Le présent texte fera partie d’un recueil de nouvelles à paraître en formats papier et numérique sous le titre Mes entrailles bénies – Anecdotes de jeunesse à Limoilou.

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