InnoVitam : le vent tourne

L'abandon du projet de la zone techno-industrielle InnoVitam, à l'est de la ville, ramène la question de l'avenir des 15 terrains de Maizerets au centre du débat.

InnoVitam : le vent tourne | 13 octobre 2023 | Article par Thomas Verret

La zone d’innovation InnoVitam devait s’installer dans le garage municipal de la Canardière, mais voilà que le projet est relégué aux oubliettes.

Crédit photo: Thomas Verret

L’abandon du projet de la zone techno-industrielle InnoVitam, à l’est de la ville, ramène la question de l’avenir des 15 terrains de Maizerets au centre du débat.

Pour la présidente du conseil de quartier, « une vraie réflexion » impliquant les citoyens doit s’en suivre concernant la vocation de ces terrains.

« C’est ce qu’on demande depuis 2020 », rappelle Marie-Hélène Deshaies.

Cette dernière y voit une « une menace » écartée à court terme. Le temps est maintenant venu de « se retrousser les manches », de travailler au bien commun.

« Il faut que tous ces terrains servent à la population, pour différents besoins », estime-t-elle.

Revirement de situation

Actuellement en visite à Lyon, Bruno Marchand a brièvement réagi hier dans Le Journal de Québec. Malgré le volte-face du gouvernement provincial au sujet du projet InnoVitam, le maire « s’attend » à ce que celui-ci « aide financièrement à développer le secteur est de la ville ».

La municipalité n’a pas décontaminé les 15 terrains « pour rien » non plus, ajoute-t-il, évoquant même l’idée d’y « créer du logement, des parcs ».

« On est très heureux d’apprendre ça, exprime Marie-Hélène Deshaies. C’est ce qu’on demande depuis le début et qu’on nous disait qu’il était impossible de faire. »

La présidente du Conseil de quartier de Maizerets est « surprise » de la tournure des événements.

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« C’est un changement complet de paradigme dans le discours de la Ville, c’est un revirement total », s’étonne-t-elle.

Cela dit, la mobilisation citoyenne est loin d’être terminée.

« Le maire ouvre la porte et il va falloir travailler dans ce sens-là. »

Les besoins du quartier ont tous déjà été exprimés lors des consultations de la Canardière, note Mme Deshaies. Les citoyens veulent notamment des logements sociaux, des espaces verts, des locaux communautaires, un centre social autogéré.

« On est bien motivés à poursuivre le travail, pour que les projets souhaités par les citoyens voient le jour », résume-t-elle.

Claude Villeneuve critique

Le conseiller municipal du district considère aussi qu’«il est grand temps d’engager le dialogue avec la population pour mettre ces terrains en valeur ».

Claude Villeneuve déplore pour sa part l’incertitude qui « demeure entière », « les délais additionnels que cela entraînera » pour la requalification du secteur et « le message démobilisateur » envoyée à la communauté entrepreneuriale de Québec.

« Après Médicago, c’est maintenant InnoVitam qui écope », regrette l’élu de Maizerets-Lairet.

À ses yeux, il s’agit d’une « très mauvaise mauvaise nouvelle pour Québec », « dans le contexte d’un ralentissement économique important ».

Le chef de l’opposition officielle, Québec d’abord, pointe du doigt l’équipe du maire pour son « leadership inexistant » en matière d’économie.

« Sans l’apport de nouveaux revenus générés par de grandes entreprises, c’est un fardeau supplémentaire pour les contribuables dont les finances sont déjà fragilisées par les incertitudes et l’inaction de l’administration Marchand, affirme-t-il. Nous ne pouvons nous permettre de voir les investissements se déplacer encore plus vers la Rive-Sud. »

Jackie Smith se réjouit

La cheffe de Transition Québec croit également que la Ville doit « écouter » les citoyens. Ceux-ci « ont longuement réfléchi », à la façon de développer ces terrains avec « une vision du 21e siècle ».

« Les gens demandent une économie résiliente et locale, ils demandent des logements accessibles, ils demandent un centre communautaire autogéré, ils demandent du reboisement et ils ont raison », appuie Jackie Smith.

La conseillère de Limoilou considère, quant à elle, que le projet InnoVitam reposait « sur les principes économiques » d’une époque révolue.

« Dépenser pour attirer les investissements étrangers de multinationales, c’est orienter l’économie d’un quartier, dépossédé de son territoire, autour de mastodontes qui risquent de nous laisser avec des ruines, dès que leurs actionnaires anonymes et aveugles décident de déplacer leurs billes », soutient-elle.

Un projet au point mort

Le développement des terrains industriels dans le secteur d’Estimauville et du boulevard Henri-Bourrassa semble mort dans l’oeuf. Mardi, Radio-Canada rapportait que le contrat de la directrice générale de la zone InnoVitam, Valérie Gauthier, n’a pas été renouvelé.

Le ministre québécois de l’Économie, Pierre Fitzgibbon, a ensuite confirmé que le gouvernement n’irait pas de l’avant avec ce projet. De son côté, la Ville indique ne plus compter sur InnoVitam et mener ses propres travaux pour développer l’est.

InnoVitam impliquait diverses partenaires, dont le gouvernement du Québec, la Ville de Québec et l’Université Laval, entre autres. Le Conseil de quartier de Maizerets s’est toujours opposé à ce projet, qui n’a jamais fait l’objet de consultations.

Cet article bénéficie du soutien de l’Initiative de journalisme local, financée par le Gouvernement du Canada.

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