Matières résiduelles : un plan « insuffisant »

Réal Caron du mouvement Pour une ville zéro déchet a présenté le plan de gestion des matières résiduelles (PMGMR), lundi soir, au Conseil de quartier de Maizerets. Appelés à donner leur avis, des citoyens se disent mitigés par rapport à la stratégie de la Communauté métropolitaine de Québec (CMQ).

Matières résiduelles : un plan « insuffisant » | 4 octobre 2023 | Article par Anne Charlotte Gillain

Les impacts de l’incinérateur devraient être plus pris en considération par la CMQ dans sa gestion des matières résiduelles, croient des citoyens et des groupes environnementaux.

Crédit photo: Jean Cazes

Réal Caron du mouvement Pour une ville zéro déchet a présenté le plan de gestion des matières résiduelles (PMGMR), lundi soir, au Conseil de quartier de Maizerets. Appelés à donner leur avis, des citoyens se disent mitigés par rapport à la stratégie de la Communauté métropolitaine de Québec (CMQ).

Également membre du comité de vigilance de la gestion des matières résiduelles, M. Caron a été invité par une administratice du conseil de quartier, Liane-Clarisse Mouchon, à l’occasion de la deuxième assemblée de la rentrée.

Scepticisme

Selon Réal Caron, ce plan métropolitain ne tend pas vers le zéro déchet.

« En 2019, un inventaire est réalisé. Trois grands secteurs sont en cause dans la production de déchets : le résidentiel, construction-rénovation-démoliton (CRD) et institutions-commerces-industries (ICI). Ceux-ci sont les plus grands absents du débat », déplore-t-il.

Cela dit, les orientations du plan se rapprochent quand même des défis. « On retrouve la sensibilisation pour se mobiliser, la lutte contre le gaspillage des ressources, la favorisation des solutions de réduction à la source et le soutien à la commercialisation responsable », énumère M. Caron.

«  Il y a quand même de très bonnes choses dans ce plan, mais également une grosse incohérence. Pour la CMQ, la réduction à la source signifie réduire la quantité de matières qu’on élimine. Certes, un travail important se fait, mais ce n’est pas le point de départ. La réduction à la source, c’est d’abord la réduction de la consommation », nuance-t-il.

Le mouvement Pour une ville zéro déchet est en désaccord avec la vision de la CMQ.

« On devrait parler de réduction des matières produites et non pas la réduction des matières éliminées. La nuance est énorme. Les matières non produites n’ont pas à être remises dans le cycle », souligne-t-il.

Préoccupations citoyennes

Un nouveau plan de gestion est en révision pour 2024-2031.

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« Tout l’enjeu repose sur notre manière de gérer nos matières résiduelles. On produit de plus en plus de déchets de différentes catégories qu’avant. C’est facile de porter sa poubelle au coin de la rue, mais on se pose moins de questions sur ce que ça devient après », met en lumière Liane-Clarisse Mouchon du conseil de quartier.

D’après elle, les inquiétudes tournent autour de l’incinération et du verdissement.

Le plan de mise en oeuvre va être enclenché d’ici la fin de l’année ou début 2024 avec la Ville. Le budget s’élève à 2 400 000 $ sur sept ans.

« C’est le moment de lancer des idées et de faire participer le maximum de citoyens et citoyennes », estime-t-elle.

Les objectifs principaux du plan se penchent sur le recyclage des matières organiques, le centre de métallisation, les résidus domestiques dangereux, les encombrants et le textile, entre autres.

« Il faudrait privilégier davantage l’implantation d’épiceries en vrac à Maizerets. Je ne vois pas ça dans les solutions du PMGMR. Certaines d’entre elles rencontrent d’ailleurs des difficultés depuis la pandémie », témoigne certains citoyens.

Des objectifs difficilement atteignables

En 2019, chaque habitant produit 678 kg de déchets. En 2031, la Communauté métropolitaine de Québec vise plutôt 423 kg par habitant. Pour Réal Caron, « les objectifs gouvernementaux du Québec de 525 kg par habitant ne seront pas atteints ».

« Puisque jusqu’au moins 2022-2023, on était encore pas loin de 700 kg. Cela ne va pas être évident d’atteindre la cible 2031 », affirme-t-il.

« Entre 2019 et 2023, les indicateurs n’ont pas baissé au niveau de la quantité de déchets », constate M. Caron.

À ses yeux, le plan de la CMQ devrait prendre en compte davantage les impacts de l’incinérateur de Québec sur la santé de la population, notamment en lien avec la qualité de l’air.

«  En 2023, l’impact de l’incinération sur la santé de la population n’est pas un enjeu important dans l’élaboration du Plan métropolitain de la gestion des matières résiduelles », signale le membre du mouvement Pour une ville zéro déchet.

De son point de vue, il ne faut pas négliger le transport autoroutier dans l’analyse de l’incinérateur relativement au dossier sur la qualité de l’air.

Chaque Québécois produit plus de 700 kg de déchets par an, selon le bilan de 2021 de la gestion des matières résiduelles au Québec.

Cet article a été produit par Anne Charlotte Gillain, journaliste de l’Initiative de journalisme local

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