Le jeu vidéo, une passion devenue métier pour Martin Brouard

Martin Brouard l’avoue d’emblée : depuis qu’il s’est acheté un Commodore 64 à l’âge de 12 ans, il ne s’est jamais ennuyé!

Le jeu vidéo, une passion devenue métier pour Martin Brouard | 25 janvier 2023 | Article par Simon Bélanger

Crédit photo: Simon Bélanger

Martin Brouard l’avoue d’emblée : depuis qu’il s’est acheté un Commodore 64 à l’âge de 12 ans, il ne s’est jamais ennuyé!

Rencontré chez MAUDE épicerie/laboratoire culinaire, un de ses coups de cœur du quartier Maizerets, Martin Brouard raconte avec verve un parcours qui l’a conduit du cinéma au jeu vidéo.

Passionné par l’art, sous toutes ses formes, il a étudié le cinéma, l’histoire de l’art et la littérature. Il a aussi travaillé à la librairie Première Issue, sur la rue d’Auteuil, où il vendait des comic books.

Impliqué dans le monde du cinéma, il a réalisé des courts métrages et des documentaires. Il a aussi occupé la direction générale de Spirafilm (aujourd’hui SPIRA) et s’est impliqué dans la coopérative artistique Méduse. Il a ensuite cofondé le Festival de cinéma des 3 Amériques, en plus d’en assumer la codirection artistique.

« Je faisais la programmation des films. Je faisais la sélection des films, la sélection des invités, des jurys, j’organisais des événements. C’était quelque chose de vraiment passionnant pour moi. Plutôt que faire des films, je m’arrangeais pour faire voir ceux qui, selon moi, devaient être vus », explique Martin Brouard.

Plongée dans l’inconnu chez Frima

Après plus de 10 ans dans le milieu culturel et les organismes à but non lucratif, Martin Brouard reçoit une offre qui lui permettra de retrouver une passion qui ne l’a jamais quitté.

Frima Studio, une boîte de jeux vidéo établie dans le quartier Saint-Roch et dirigée par Christian Daigle, bon ami de Martin, lui propose un emploi.

« À l’époque, il m’avait approché pis il m’avait dit : on a besoin d’un gars comme toi. Je sais que t’es passionné par les jeux vidéo. On ne sait pas ce que tu vas faire chez nous, mais on sait que tu vas trouver ta place », se rappelle Martin Brouard.

Il se retrouve finalement chez Frima et occupe le rôle de producteur exécutif. Ses années passées à remplir des demandes de subvention dans le milieu culturel lui donnent une expérience inestimable pour, encore une fois, faire des demandes de subvention.

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« J’ai réussi à financer énormément de projets chez Frima. J’ai fait ma place là-bas comme producteur exécutif. J’ai travaillé là-bas sept ans et j’étais aussi responsable de tout ce qui touche la propriété intellectuelle », raconte-t-il.

Martin Brouard était aussi en contact avec les grandes compagnies (Nintendo, Sony, Microsoft), en plus de gérer une partie de la mise en marché et d’entretenir les liens avec les journalistes spécialisés.

Nouveau départ en 2016

Après plus de sept ans chez Frima, la passion de Martin Brouard commence à s’étioler. Le jeu Chariot, sur lequel il a travaillé et fondait beaucoup d’espoir, n’a pas eu le succès espéré. On lui demande aussi de travailler sur des productions qui l’intéressent moins.

À ce moment, Thierry Boulanger, programmeur chez Frima, veut aussi proposer sa propre idée de jeu.

« Il est venu me voir avec un projet de jeu, qui est un hommage à Ninja Gaiden, qui était son jeu préféré quand il était jeune. Il m’a montré un prototype. […] Je voyais du potentiel dans ce jeu-là, je savais que ce jeu-là pouvait marcher », se rappelle-t-il.

Les deux ont finalement cofondé le studio Sabotage, qui a produit The Messenger, un jeu qui a reçu un très bon succès critique. Il a même remporté le prix du Meilleur premier jeu indépendant aux Game Awards, en 2018.

Retraite et nouveau studio

En 2020, Martin Brouard estime avoir fait le tour de ce qu’il voulait faire chez Sabotage et vend ses parts dans la compagnie. Il décide de « prendre sa retraite ».

« Je me dis : ce que j’aimerais mieux, dans la vie, c’est travailler moins, pour pouvoir lire, écouter des films et passer du temps avec mes enfants et ma blonde », explique Martin.

La pandémie arrive au moment idéal pour lui, qui s’estime « extrêmement privilégié » d’avoir pu prendre une pause à ce moment.

Après environ un an, il jase avec un ancien collègue de l’industrie du jeu vidéo, Jongwoo Kim, qui désirait démarrer son propre studio et lui demande quelques conseils.

« À force de parler, on s’est rendu compte que ce serait l’fun qu’on parte ça ensemble. J’avais de l’énergie après un an de repos. Il a dit oui », raconte Martin.

Les deux hommes ont été rejoints par Quinn Kybartas, une spécialiste de l’intelligence artificielle de narration. Le studio Imugi a vu le jour à la fin de l’année 2021. Un jeu de stratégie qui se déroule pendant la Révolution française, dans une histoire alternative, est prévu au début de 2025.

« On commence à regarder pour voir les personnes qui seraient idéales pour se joindre à notre équipe. On veut rester une petite équipe, mais il faut qu’il y ait une belle cohésion. On est un studio qui travaille quatre jours par semaine. Notre but, c’est de faire ça très humainement », souhaite Martin Brouard.

Et pourquoi le jeu vidéo?

En terminant, qu’est-ce qui emballe autant Martin Brouard, quand il s’installe devant un jeu vidéo?

« Ce que j’aime des jeux vidéo, c’est qu’il y a tellement un large éventail de choix. Il y a des affaires qui sont comme du fast-food, c’est un petit plaisir coupable. […] T’as d’autres jeux qui sont l’équivalent d’aller voir une pièce de théâtre, qui te font vivre une expérience touchante et qui font réfléchir », explique Martin Brouard.

Pour lui, le jeu vidéo, c’est une forme d’art à part entière.

« On est encore juste au début de cette forme-là. Ça fait une cinquantaine d’années que ça existe et on n’a pas fini de voir des affaires vraiment incroyables », prédit-il.

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