Lucie Theroux : l’art en soutien à la faune en péril
La semaine dernière, Monlimoilou a pu plonger dans l’univers créatif de Lucie Théroux, une artiste de Limoilou, à son appartement-atelier de la 4e Avenue.
Fille adoptive d’une famille francophone de Saint-Jean au Nouveau-Brunswick, Lucie Theroux habite Limoilou depuis 31 ans. Au début des années 2000, elle envisage de vivre entièrement de son art, « ce que je fais plus sérieusement depuis huit ans », nous confie-t-elle.
Membre de plusieurs regroupements d’artistes inspirés par la nature, le domaine de création de Lucie concerne plus particulièrement la faune en danger d’extinction. Ses peintures, depuis, se sont retrouvées dans des collections privées à travers le Canada, aux États-Unis, en Australie et en Corée du Sud.
D’où vient ta passion pour la peinture, ton intérêt particulier d’y valoriser le monde animal en danger?
Mon père étant militaire, il était souvent transféré dans les bases de six provinces et même en Allemagne. Une quinzaine de places où j’ai fréquenté l’école anglaise. Durant mon enfance, aussitôt que je me faisais des amis, on déménageait! Heureusement que j’aimais les animaux. Ma mère tombait sans connaissance quand je ramassais des couleuvres, des salamandres et même un bébé siffleux!
Très tôt, j’ai découvert que j’avais un certain talent pour dessiner. À Noël, mes parents me gâtaient en matériel de dessin, comme je gâte de cette façon ma petite-fille aujourd’hui. Et ils m’encourageaient aussi à faire des petites peintures pour la parenté.
J’ai arrêté ça ensuite jusqu’au milieu de la vingtaine, reprenant le tout pour mon simple plaisir. J’ai plutôt fait carrière dans le domaine du rembourrage, surtout à Port-Cartier, puis dans mes premières années à Limoilou. J’y habite depuis 1992 avec mon conjoint actuel.
Cela dit, j’ai aussi milité dans Greenpeace, qui m’a sensibilisée aux animaux en voie de disparition. Et c’est comme ça que j’en suis venue à peindre des espèces menacées dans un objectif de conscientisation. Sur le tard, après avoir élevé mes deux enfants!
Quelles sont les techniques que tu utilises? Comment décrirais-tu ton approche?
J’y vais avec le pinceau traditionnel pour l’acrylique et la technique du airbrush (aérographie) que mon frère m’a fait découvrir au début de la quarantaine. Du airbrush, j’en fais davantage l’été, question de ventilation. Je peins alors sur mon balcon, souvent dès 7 h le matin et jusqu’à midi avant que le soleil ne tape trop fort.
Je consulte beaucoup de sites de références d’illustrations d’animaux. Par exemple, mon lion en voie d’achèvement est inspiré d’une photo du réputé Emmanuel Keller, et j’y ajoute ma touche personnelle. J’utilise beaucoup le fond noir pour illustrer le néant, ce qui risque d’arriver à ces bêtes. J’essaie de créer aussi du mouvement, dans un mode de dramatisation que justement rend bien le airbrush.
Je pratique aussi un peu l’abstrait : ça me libère l’esprit tout en étant active de mes mains. J’ai aussi déjà fait de la broderie pour Parc Canada, des reproductions de scapulaires. Ma grand-mère maternelle m’avait montré ça aussi quand j’étais petite!
Quels sont les lieux d’exposition qui t’ont fait connaître? Tes acheteurs?
À partir du début du millénaire, je peux nommer la galerie Le Chien d’or sur la rue Saint-Paul, le Symposium de Beauport, le Centre d’affaires Maizerets, le bureau du député Raymond Côté, Chez Alfred-Pellan en 2016… Peut-être une trentaine de lieux, incluant aussi des cafés et restaurants. Mais l’exposition dont je suis le plus fière a été celle en solo à la bibliothèque Chrystine-Brouillet, en 2021 : Quo vadis, qui veut dire « Ou t’en vas-tu, ou tu pars ». Mes 26 toiles exploraient vraiment le thème des animaux en voie de disparition.
L’an dernier, j’ai vendu à l’extérieur, entre autres à Vancouver, au Nouveau-Brunswick et au Tennessee. J’ai même de la visibilité dans une galerie virtuelle en Australie, où j’en ai vendu une aussi. Mais j’ai réalisé que ça ne valait pas vraiment la peine en raison du coût de l’envoi. Mais bon, ça fait partie de mon expérience.
Ça ne me dérange pas, à l’occasion, de réserver une peinture pour une bonne cause, comme celle de la World Wildlife Fund (WWF) qui l’a reproduite pour une carte. J’ai aussi donné des tableaux pour un encan à la SPCA, au profit de Michel-Sarazin, pour la Maison Dauphine… Il y en a plusieurs!
Parlant de causes, tu t’es jointe récemment à un regroupement qui te tenait particulièrement à cœur…
Il s’agit de Artists For Conservation, une organisation qui regroupe plus de 7000 artistes de partout, préoccupés par la sauvegarde de la faune en péril. Comme moi, beaucoup d’entre eux font dans la philanthropie. À notre choix, une partie ou la totalité d’une vente peut aller à sa cause.
C’est ce que j’ai fait avec mon pangolin, l’un des animaux les plus chassés au même titre que les tigres, les éléphants ou le Zèbre de Grévy par exemple. Je m’informe beaucoup, et quand j’expose, j’indique que c’est un animal en voie de disparition et qu’il en reste tant.
Et pour conclure, quelles sont tes projets futurs comme peintre animalière?
Je cherche d’abord à développer mes contacts par internet. Je dois dire que je communique davantage dans le milieu des anglophones, où je vends davantage. J’ai noté qu’ils sont plus « animaux » que les francophones, question de culture et d’intérêt pour ce genre de peinture qui mérite d’être ici reconnu.
Mes tableaux ont un certificat d’authenticité avec un code QR permettant de consulter leur description. J’améliore mon site Web en conséquence pour les amateurs qui veulent obtenir un maximum d’information.
Dans les prochains mois, mon autre priorité sera de trouver une galerie pour exposer de façon permanente.
Le site Web de Lucie Theroux, sa page Facebook d’artiste et sa page dans Artists For Conservation présentent de nombreux exemples de sa production.
Parmi les expositions à surveiller à la bibliothèque Christine-Brouillet, mentionnons celle en duo du 3 avril au 3 mai 2023. L’autre, Quo vadis 2, est en préparation pour l’automne.
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