Pour la 11 édition de la Journée des locataires, le quartier Maizerets a été le théâtre d’une manifestation nationale. Ce secteur de Limoilou a été sélectionné en raison de la pression immobilière grandissante qui s’y déploie actuellement.
Maizerets au coeur de la 11e Journée des locataires
Pour la 11 édition de la Journée des locataires, le quartier Maizerets a été le théâtre d’une manifestation nationale. Ce secteur de Limoilou a été sélectionné en raison de la pression immobilière grandissante qui s’y déploie actuellement.
Des locataires en provenance de plusieurs régions du Québec, de Trois-Rivières à Montréal, en passant par Laval, Longueuil et Amqui, ont convergé vers Québec, ce lundi 24 avril 2023. Malgré la température maussade et la pluie, quelques centaines de personnes ont marché à travers les rues du quartier Maizerets.
« L’ambiance n’est malheureusement pas à la fête, mais à l’indignation et à la colère », souligne d’entrée de jeu Nicole Dionne, coordonnatrice au Bureau d’animation et information logement du Québec métro (BAIL).
Le gouvernement du Québec, avec en tête de liste la ministre responsable de l’Habitation, France-Élaine Duranceau, a été la cible de plusieurs récriminations de la part des protestataires.
« Il y a un gouvernement à Québec qui n’a pas l’air de savoir ce qui se passe. Soit il ne sait pas ce qui se passe, soit il s’en sacre complètement. La crise du logement qu’on vit actuellement au Québec, […] c’est une crise qui est voulue par les pouvoirs en place, parce qu’il y en a certains qui en profitent largement », scande Cédric Dussault, co-porte-parole du Regroupement des comités logement et des associations de locataires du Québec (RCLALQ), organisme derrière la Journée des locataires.
Les groupes présents réclament notamment un contrôle et un registre des loyers, de même qu’un plafonnement des hausses de loyer annuelles.
Maizerets
Le quartier Maizerets est au cœur d’importants projets de développement.
« [On a] l’agrandissement de l’hôpital [Enfant-Jésus], le tramway et surtout, la zone d’innovation Littoral Est. Ça amène une pression immobilière importante dans le secteur. On sait que c’est un quartier à faible revenu et que les gens risquent de perdre leur logement », estime Marie-Hélène Deshaies, présidente de la Table citoyenne Littoral Est et du conseil de quartier de Maizerets.
Au cours de la marche, les représentant.e.s d’organismes ont attiré l’attention des manifestant.e.s sur certains endroits représentatifs de la crise du logement dans le quartier.
Évictions illégales, conversions en Airbnb et construction de nouveaux condos luxueux se trouvaient au cœur des discours.
La manifestation se terminait d’ailleurs dans l’ancien stationnement de Gaétan Moto, visé par un projet immobilier du Groupe Brivia.
Pour Mme Deshaies, il s’agit d’un projet « emblématique » de ce qui se passe dans Maizerets.
« Brivia, c’est un promoteur international. Il a racheté un ensemble de terrains et il est en train de préparer son projet de 300 unités. Tous des 3 ½ de luxe et il ne s’en cache pas. C’est ce qui s’en vient dans le quartier. Pour lui, ce sont des opportunités d’affaires extraordinaires.
Précarité
La hausse des coûts du loyer aurait un impact direct sur la précarité financière, mais aussi alimentaire.
« À la Bouchée généreuse, par exemple, alors qu’on donnait 400 paniers par semaine, on en donne plus de 1100 actuellement. Depuis trois ou quatre ans, ça n’a pas d’allure comment ça a explosé. C’est clair que la hausse des loyers a un important rôle à jouer », explique Sol Zanetti, député de Jean-Lesage.
Le député de Québec solidaire ajoute d’ailleurs que sa circonscription est l’une des « plus vulnérables à la crise du logement », comme le revenu médian est l’un des plus bas du Québec.
Il réclame davantage d’investissements en logement social et un contrôle des loyers.
CORPIQ
Une des escales a eu lieu devant les bureaux de la Corporation des propriétaires immobiliers du Québec (CORPIQ), qui a célébré en 2020 ses 40 ans d’existence. Comme pour le gouvernement Legault, les propriétaires ont été la cible d’un grand nombre de doléances de marcheur.euse.s.
Pour « souligner » cet anniversaire, certain.e.s manifestant.e.s ont apposé des autocollants sur l’enseigne extérieure, alors que d’autres ont pénétré les lieux.
Ces protestataires ont remis à la CORPIQ le « Rat doré », le « prix le moins prestigieux remis par les locataires du Québec », souligne avec ironie Charles-Olivier P. Carrier, du Comité logement d’aide de Québec-Ouest.
Des pièges à rats auraient aussi été déposés à l’intérieur des lieux.
« Salissage »
La CORPIQ a déploré le « salissage » de ses bureaux administratifs. Elle explique par courriel qu’elle « devra malheureusement piger dans son budget pour nettoyer les gestes des manifestants ».
L’organisme représentant les propriétaires immobiliers rappelle que le droit de manifester est «reconnu et valorisé » au Canada.
« Par contre, ce droit vient aussi avec la responsabilité d’éviter de saboter le milieu de travail de nos employés qui ont la responsabilité d’appuyer les propriétaires dans un contexte particulier d’un déséquilibre entre l’offre et la demande », déplore Marc-André Plante, directeur des affaires publiques et des relations gouvernementales de la CORPIQ.
M. Plante ajoute que les « employés font des efforts pour accélérer le travail de tous, notamment celui de signer le bail du 1er juillet à venir et structurer l’accueil des nouveaux locataires ».
Note de l’auteur : L’article a été modifié le mercredi 26 avril 2023, afin d’intégrer la réaction de la CORPIQ aux événements qui se sont produits à ses bureaux administratifs.
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