Une présentation publique du Rapport sur le portrait de la qualité de l’air du secteur Limoilou-Basse-Ville du Groupe de travail sur les contaminants atmosphériques a eu lieu mardi soir, à l’Hôtel Château Laurier. La Ville de Québec et le Port de Québec avaient réagi préalablement au Rapport et à ses recommandations, en après-midi.
Qualité de l’air : rapport dévoilé, données à surveiller
Une présentation publique du Rapport sur le portrait de la qualité
de l’air du secteur Limoilou-Basse-Ville du Groupe de travail sur les contaminants atmosphériques a eu lieu mardi soir, à l’Hôtel Château Laurier. La Ville de Québec et le Port de Québec avaient réagi préalablement au Rapport et à ses recommandations, en après-midi.
Le Groupe de travail sur les contaminants atmosphériques (GTCA) avait pour mandat de faire le portrait de la qualité de l’air dans le secteur Limoilou-Basse-Ville, en identifiant les principaux contaminants, leurs impacts sanitaires, et en formulant des recommandations.
Trois ingrédients principaux flottent dans la « soupe toxique » de Limoilou-Basse-Ville, a exposé le président du GTCA, le chimiste Jean-Pierre Charland.
À la station de mesure du Vieux-Limoilou, les taux de particules fines PM 2,5 comptent parmi les plus élevés dans la province. Ceux de dioxydes d’azote (NOx) varient sur le territoire selon le volume de circulation et la proximité des autoroutes. Le nickel (Ni) représente la « signature de qualité de l’air à Limoilou », a illustré le secrétaire du GTCA Claude Thellen. Des épisodes de dépassement des normes distinguent son portrait de celui d’autres villes.
Ces particules fines proviennent de plusieurs sources. Les activités industrielles, du Port de Québec aux petites et grandes entreprises, les activités de construction et d’entretien sont en cause. Le transport également, local et autoroutier pour les voitures et le camionnage autant que maritime et ferroviaire. Le chauffage au bois figure comme « source importante de particules fines ». D’autres sont régionales et transfrontalières.
Recommandations bien accueillies pour la qualité de l’air
Le rapport recommande des mesures d’atténuation qui visent différentes parties prenantes, dont la Ville de Québec et le Port de Québec.
Les mesures concernant la Ville de Québec vont dans le sens d’actions adoptées ou prévues, avait-on entendu en après-midi, à l’hôtel de ville.
« On accueille positivement le dépôt », avait lancé le maire Bruno Marchand, en conférence de presse.
La réglementation municipale sur le chauffage au bois interdira complètement les équipements non conformes dès 2026, avait entre autres redit Marie-Josée Asselin, vice-présidente du comité exécutif responsable de l’environnement. La Ville s’est dotée d’un plan de remplacement de ses différents véhicules pour des modèles « plus sobres en carbone », des autobus aux camions de matières résiduelles, avait-elle illustré.
La politique de mobilité, l’amorce de la biométhanisation, les initiatives pour verdir et planter des arbres ont été rappelés. Le maire de Québec s’est dit confiant quant aux efforts collectifs.
En outre, la Ville a « engagé des ressources supplémentaires » pour poursuivre l’initative de collecte de données et de suivi de la qualité de l’air amorcée à l’automne.
Dans le cas du Port de Québec, trois mesures sont assorties d’une échéance d’une année. Selon le président du GTCA, elles seront facilement applicables et certaines ont déjà été testées.
Un communiqué diffusé mardi après-midi indique que le Port de Québec « accueille favorablement les recommandations contenues dans le rapport ». Il s’engage à collaborer pour leur mise en oeuvre. L’électrification des quais pour les navires de croisières fait partie de ses priorités et de sa Vision 2035, précise-t-il.
« Concernant précisément le nickel, le Port de Québec est conscient que la communauté est préoccupée et compte appuyer l’entreprise Glencore pour maintenir de bonnes pratiques et l’amélioration continue des conditions d’opération », mentionne le communiqué.
Le Port dit souscrire également aux propositions pour l’amélioration des mécanismes de surveillance et procédures de gestion des poussières.
D’autres données à venir
À plusieurs reprises mardi soir, on a demandé à Jean-Pierre Charland pourquoi le rapport ne recommandait pas de rabaisser la norme sur le nickel au taux qui précédait sa récente hausse. Chaque fois, il a cité les limites de son mandat.
La conseillère municipale de Limoilou Jackie Smith a posé l’une des questions sur la place de l’incinérateur parmi les constats et recommandations.
« On souhaite que cette activité industrielle soit regardée attentivement dans les prochaines années », a répondu Claude Thellen. Il faudra, dit-il, « plus documenter le nouveau procédé ».
Les éléments manquants au portrait d’ensemble et aux données obtenues ont alimenté les questions. Le rapport de Mon environnement ma santé, attendu comme celui de la Ville de Québec en mars, contribuera à compléter ce portrait, a dit quelques fois le président.
Si le mandat avait été réalisé un an plus tard, d’autres informations auraient été accessibles, a ajouté Jean-Pierre Charland. L’Institut national de santé publique et l’Université de Montréal développent « un modèle capable de parler pollution à une échelle micro, presque de code postal ». Mon environnement ma santé et Santé Canada » travaillent conjointement avec « des stations de mesures portables » qui fourniront de l’information « à une échelle plus locale ». Le GTCA a dû faire certaines « extrapolations », des « règles de trois » pour passer de l’échelle de la ville à celle de Limoilou-Basse-Ville.
En outre, il a dû se contenter « de la 2e, 3e et 8e Avenue » quand aux données du Port de Québec, a-t-il répondu à Louis Duchesne de l’Initiative citoyenne de vigilance du Port de Québec.
« L’Administration portuaire, ils ont partagé les données de leurs stations à eux, mais les données des opérateurs, ils ne les ont pas partagées. »
Court préavis, salle loin de Limoilou, conflit d’horaire avec une activité de participation citoyenne sur le développement durable dans Maizerets… On a aussi questionné la stratégie de diffusion du Rapport, déterminée par le ministère de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs (MELCCFP). Réal Caron, des AmiEs de la Terre et du Mouvement pour une ville zéro déchet, a transmis une invitation à présenter une seconde séance, dans Limoilou.
« Le Jello commence à figer »
Mathieu Caron, de Limoilou, a tracé un parallèle entre la poussière rouge et le nickel. Comme en 2012-2013, suivant « la grogne citoyenne », on commande un rapport, des recommandations semblables en ressortent, a-t-il résumé. Cette fois sera-t-elle la bonne?
Pour Jean-Pierre Charland, « le jello commence à figer », « le maire a une vision différente ». Il cite « la conférence du 2 juillet 2022 » à l’hôtel de ville avec le Port de Québec, le MELCCFP et celle de mardi après-midi. Le président croit à la collaboration des parties prenantes pour mettre en place les mesures nécessaires. Il faut « sortir de la méfiance et travailler dans la concertation », a renchéri Claude Thellen, pour « échanger sur les difficultés, les données, le partage d’information ».
Le rapport « va être un outil pour les citoyens mobilisés », a ajouté avec optimisme le député solidaire de Jean-Lesage, Sol Zanetti. Citoyens que Jean-Pierre Charland a aussi salués quelques fois mardi, pour leur projet Limoil’Air.
On retrouve en ligne (.pdf) le rapport intégral de 1213 pages (221 pages et les annexes) du GTCA.
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