Le Conseil de quartier du Vieux-Limoilou est contre la privatisation de ses ruelles orphelines, un rachat par comité de ruelles, comme le propose la Ville de Québec, et recommande plutôt la municipalisation ou leur achat collectif par le biais d'une fiducie d'utilité sociale. L'organisme espère ainsi contribuer à relancer la réflexion.
Ruelles du Vieux-Limoilou : le CDQ se prononce
Le Conseil de quartier du Vieux-Limoilou est contre la privatisation de ses ruelles orphelines, un rachat par comité de ruelles, comme le propose la Ville de Québec, et recommande plutôt la municipalisation ou leur achat collectif par le biais d’une fiducie d’utilité sociale. L’organisme espère ainsi contribuer à relancer la réflexion.
« Il faut redonner de l’huile au moulin pour que la Ville accepte de retourner à la table à dessin dans ce dossier », illustre son président Raymond Poirier.
Le Conseil de quartier a enteriné ces recommandations préliminaires, mercredi soir, à son assemblée.
Présente à la Villa Ringfield, Martine Caron de la Ville de Québec a démontré une ouverture à une collaboration entre les citoyens et la municipalité, sous la forme d’un comité réunissant les deux parties, à mettre en place dans les premiers mois du trimestre de 2024.
« On veut trouver des solutions, avec Revenu Québec aussi », ajoute-t-elle.
Dans un rapport en avril dernier, l’administration municipale proposait aux riverains de former un OBNL ou une coopérative afin de racheter par comité leur îlot de ruelle à Revenu Québec.
Cette solution « n’est pas la bonne », selon le Conseil de quartier.
« Ce n’est pas une solution rêvée, à la fois pour l’intérêt collectif et pour l’intérêt particulier », affirme M. Poirier.
Toujours selon ses dires, les citoyens des comités de ruelles « ont déjà indiqué clairement » à diverses instances que cette option n’est vraiment pas souhaitée. Ceux-ci doivent déjà s’occuper de la gestion du déneigement et s’impliquer dans le développement de projets structurants.
« Ces gens ne veulent pas se retrouver avec l’entièreté de ce poids-là, une charge qui, malheureusement, ne peut pas s’assumer sur un coin de table », soulève le président du Conseil de quartier.
« Il y a un enjeu de capacités citoyennes qui n’a pas été pris en considération dans l’évaluation de la solution. »
L’organisme s’inquiète également des impacts de l’acquisition de ces ruelles par un organisme privé.
« D’aller avec le morcellement des ruelles par une multitude de propriétaires privés, ça met à risque la préservation de ces espaces pour l’avenir. Il n’y a pas de garantie, avec cette méthode-là, qu’on va encore avoir 170 ruelles à Limoilou dans cinq, dix ou vingt-cinq ans », soutient Raymond Poirier.
Le Conseil de quartier s’oppose au statu quo pour la même raison, soit la perte de ce « patrimoine limoulois », l’incapacité d’assurer la vocation communautaire de ces ruelles.
Actuellement, les enjeux liés à la propriété limitent la capacité du milieu à déminéraliser, verdir, aménager les ruelles, à lutter contre les îlots de chaleur et la pollution atmosphérique.
« La situation a atteint ses limites », considère M. Poirier.
« Du moment où on se rend compte que l’élastique est étiré à son maximum et que des milieux de vie ont envie de tirer d’autres milieux de vie vers le haut, il faut continuer d’avancer. Il ne faut pas se bloquer à ce stade-là. Ce qui est clair, c’est qu’on est rendu à un point de rupture. Le milieu ne peut plus retourner en arrière. »
Cette solution est « simple » pour la Ville, mais « compliquée » pour les citoyens, croit-il.
« Il faut prendre un pas de recul et trouver la meilleure solution à long terme. »
La municipalisation, une option à réenvisager
Cette solution est la plus simple pour les citoyens, aux yeux de l’organisme, qui estime d’ailleurs que l’analyse de la Ville est incomplète. La municipalité a « laissé de côté plusieurs éléments », dont l’évaluation des coûts reliés à l’entretien et à l’aménagement des ruelles basée uniquement sur un seul scénario, celui de la ruelle-pilote en bordure de l’école Saint-Fidèle.
« Il y a d’autres modèles d’aménagement et de coûts qui auraient pu être pris en considération », prétend M. Poirier.
« Et encore là, on rappelle que selon l’avis juridique préliminaire auquel on a eu accès, il n’y a pas de réglementation qui impose un aménagement spécifique à la municipalité. Il y a une possibilité pour la Ville d’évaluer différents degrés de municipalisation », avance-t-il.
Un rachat collectif, le plan B
L’autre alternative identifiée par le Conseil de quartier est le modèle de propriété collective d’une fiducie d’utilité sociale.
« Cette option n’a absolument pas été considérée et pourrait permettre d’assurer la préservation de la vocation des ruelles, tout en permettant à la Ville, si c’est ce qu’elle veut, d’éviter la municipalisation », déclare M. Poirier.
« Évidemment, il y a d’autres modèles qui existent et qui peuvent être évalués, mais on veut mettre une option sur la table », précise le président de l’organisme.
En fin de compte, « réfléchir aux ruelles du Vieux-Limoilou, c’est aussi réfléchir aux ruelles de Montcalm, de Saint-Sauveur, de Lairet, de Maizerets », souligne Raymond Poirier.
« La solution qui va être mise en place, testée et validée ici, va pouvoir être reproduite ailleurs. (…) On dit, il faut commencer à quelque part. Commençons avec nous. On est déjà mobilisés, on a déjà des idées, on a envie d’avancer. »
Une riveraine d’une ruelle du Vieux-Limoilou a d’ailleurs partagé ce qu’elle vit dernièrement avec les nombreux chantiers en cours dans le quartier. Une situation qui témoigne bien que ces ruelles sont orphelines.
« Avec les travaux, il y a des ruelles qui sont presque devenues des pistes de course. On a frappé un mur. Le no man’s land, pas de signalisation, pas de propriétaire, une pancarte uniquement pour les résidents, c’est un autre univers… »
Cet article bénéficie du soutien de l’Initiative de journalisme local, financée par le gouvernement du Canada.
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16, rue Royal-Roussillon, Québec (Québec), G1L 2J7
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