Santé mentale : les proches ont besoin d’aide aussi

La Boussole, située dans Limoilou, vient en aide aux proches de personnes avec des problèmes de santé mentale. Le 15 octobre, le programme Enfance-Jeunesse célèbre ses 25 ans. Retour sur les services et les défis rencontrés par l’organisme communautaire.

La Boussole existe maintenant depuis plus de 40 ans. Sa création s’inscrit dans un contexte particulier. Ses services répondent à des besoins spécifiques.

« À l’époque, il y avait un trou de service. Plein de proches aidants étaient seuls face à leurs difficultés lors de l’accompagnement d’un membre de la parenté avec des soucis de santé mentale. Rien n’était prévu pour ces personnes-là », relate Riel Michaud-Beaudry, adjoint à la direction et aux communications de La Boussole.

Plusieurs proches aidants se sont finalement rassemblés petit à petit. Ceux-ci fondent ensemble La Boussole. Ainsi, ils partagent entre eux leurs ressentis et se donnent plusieurs outils pour s’informer sur la santé mentale.

Souvent, on a tendance à minimiser ou même à oublier l’entourage qui vit avec une personne souffrant de santé mentale, selon l’organisme communautaire.

Le choix du nom La Boussole n’est pas anodin, parce qu’il reflète la mission principale de l’organisme.

« Une boussole sert à orienter et à guider. Elle nous permet de savoir où nous en sommes. Cela correspond bien à ce que les usagers cherchent en venant nous voir », souligne M. Michaud-Beaudry.

Avoir un diagnostic n’est pas obligatoire pour pouvoir bénéficier des services de La Boussole. Les proches aidants ne se limitent pas seulement à la cellule familiale. Il peut s’agir d’un ami, d’un voisin ou même d’un collègue au travail.

Mieux appréhender les facettes de la santé mentale

Pour Riel Michaud-Beaudry, informer, soutenir et outiller les proches aidants font également partie des objectifs », indique-t-il. L’équipe se compose de dix personnes et de plusieurs bénévoles.

Des lignes d’écoute sont disponibles si les gens souhaitent parler avec quelqu’un qui a vécu une réalité similaire. Elles sont accessibles entre 16h30 et 22h en semaine et entre 8h30 et 22h la fin de semaine.

Des groupes de discussion existent sur l’ensemble des maladies mentales, mais aussi sur certains troubles en particulier comme le trouble de la personnalité limite.

Ces derniers sont pout tous âges, mais certains groupes sont exclusivement pour les jeunes adultes ou les enfants.  L’entraide et le respect sont transmis uniquement pour les groupes d’enfants. Le samedi matin leur est réservé avec des activités.

Les groupes pour les adultes sont pour que les proches aidants partagent ce qu’ils vivent. Souvent, c’est le mardi soir après leur travail.

Des suivis à court ou à moyen terme sont proposés en fonction des besoins rencontrés. Ils peuvent s’étaler parfois sur plusieurs années, mais le nombre de rencontres reste limité.

« Ces jeunes ont soit un frère ou une soeur, des parents ou des cousins avec des problèmes de santé mentale. Cela peut mener à une perturbation de la dynamique familiale. On leur apprend à mieux connaitre les différents symptômes des maladies, à gérer des conflits et à énoncer leurs limites à la famille », détaille-t-il.

L’aide à la rédaction de demandes d’ordonnances est un autre service de La Boussole. Un médecin doit évaluer le proche touché par des problèmes de santé mentale.  Ainsi, cela permet de savoir s’il y a des éventuels critères de dangerosité pour la personne elle-même et son entourage.

« On accompagne les proches dans la rédaction de ces formulaires-là. Ensuite, ils doivent aller devant un juge pour faire approuver la demande », précise Riel Michaud-Beaudry.

L’isolement des proches aidants

L’organisme communautaire souhaite rappeler l’isolement vécu par les proches aidants.

«  Les proches aidants vivent souvent beaucoup d’isolement. Ils sont peu considérés par le système de santé. Celui-ci va donner plus d’attention à la personne qui est malade, mais très peu à son entourage ou aux proches aidants », témoigne Riel Michaud-Beaudry.

« Plus de sensibilisation des professionnels de la santé est nécessaire, notamment sur la détresse des proches aidants de la personne atteinte de problèmes de santé mentale », propose-t-il.

Le 15 octobre prochain, dès 13 heures, l’organisme organise d’ailleurs une activité dans le cadre des 25 ans du programme Enfance-Jeunesse au Centre communautaire Mgr Marcoux. De nombreuses animations sont prévues.

À travers son travail, La Boussole tient à donner de l’espoir, tant à la personne malade qu’aux proches aidants.

Dans les prochaines années, l’organisme aimerait développer davantage de services pour les familles.

Cet article a été produit par Anne Charlotte Gillain, journaliste de l’Initiative de journalisme local.

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