40 ans du Domaine Maizerets : quel avenir pour ce joyau historique?

La Société du Domaine Maizerets a 40 ans cette année. L'organisme organise quelques activités pour souligner cet anniversaire. L'OBNL souhaite aussi profiter de l'occasion pour mettre de l'avant son travail et davantage en évidence ce joyau de l'histoire de la ville.

40 ans du Domaine Maizerets : quel avenir pour ce joyau historique? | 24 avril 2024 | Article par Thomas Verret

Le directeur général de la Société du Domaine Maizerets s’interroge à ce sujet. Selon Alain O’Neil, l’organisme fait tout en son possible pour entretenir et animer le site, mais des investissements publics sont nécessaires pour mieux recevoir les différents usagers du parc.

Crédit photo: Thomas Verret

La Société du Domaine Maizerets a 40 ans cette année. L’organisme organise quelques activités pour souligner cet anniversaire. L’OBNL souhaite aussi profiter de l’occasion pour mettre de l’avant son travail et davantage en évidence ce joyau de l’histoire de la ville.

Le 17 mai, le Domaine Maizerets accueillera une conférence de l’historien Denis Angers.

« Il y a beaucoup à faire »

Bon an mal an, quelque 300 000 « têtes » passent par le Domaine Maizerets. Chaque année, on y recense 75 000 services à la location et jusqu’à 40 000 participations à la programmation annuelle quatre saisons. Ski de fond, patin autour de l’anneau de glace, raquette, trottinette des neiges, glissade, marche, fat bike : la plupart des activités sont gratuites ou accessibles à un coût abordable. « Pourtant, il y a encore beaucoup de gens qui ne connaissent pas le site ou ce qui s’y passe », expose le directeur de la Société du Domaine Maizerets.

Alain O’Neil met ainsi en lumière le potentiel inexploité de cette oasis de verdure de 27 hectares, prisée pour l’observation des oiseaux et des canards. Ce dernier pointe au passage l’affichage décoloré, complètement désuet, sur le site.

« La fontaine [d’eau], ça fait trois ans qu’elle ne fonctionne pas. (…) Il y a un peu de désintéressement », regrette-t-il.

Le conseiller municipal de Maizerets-Lairet, Claude Villeneuve, déplore quant à lui que « le domaine se retrouve comme entre deux craques », alors que ni la Commission de la capitale nationale du Québec, propriétaire du site, ni la ville, responsable de sa gestion, « sent que c’est son devoir d’investir ».

« Le drame du Domaine, c’est le désintérêt des pouvoirs publics. »

M. Villeneuve croit également que « le site a besoin d’amour », que son plein potentiel n’est pas exploité.

« Le Domaine de Maizerets, présentement, n’est vraiment pas aménagé et financé de manière à optimiser tout ce qu’il peut offrir aux citoyens du quartier et de la ville. »

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« Ce que ça révèle, c’est que comme ville, comme agglomération, on ne le chouchoute pas assez le Domaine. Il y en a des choses à faire. »

Claude Villeneuve reconnaît que « la ville finance très bien les activités de loisirs » au Domaine Maizerets. Il souligne d’ailleurs les sommes importantes accordées récemment par la municipalité pour la réfection de la toiture du château. Pour lui, le problème se situe plutôt au niveau des bâtiments et des aménagements extérieurs. « Pis ça va passer par la restauration des granges. Là-dessus, je trouve que la ville n’est pas là, la Commission de la capitale nationale non plus. Et je trouve que ça serait une tragédie si on négligeait le Domaine de Maizerets dans la réflexion entourant la phase 4 de la promenade Samuel-de-Champlain. »
Crédit photo: Thomas Verret

Développement des sentiers

De son côté, la société veut faire du Domaine Maizerets un endroit reconnu pour la marche et la course à pied. L’organisme souhaite offrir plus de sentiers, davantage de kilomètres, avec du mobilier urbain, de l’éclairage, etc. L’OBNL présentera à la ville ce projet porteur pour la santé et la qualité de vie de la population.

« Il y a un potentiel extraordinaire », soutient le directeur général.

« Le loisir libre, c’est ça qui est le plus tendance ».

« On se fait demander toutes sortes d’aménagements urbains. Ça peut être juste des bancs dans les sentiers ou des aménagements pour les personnes handicapées (…) Les gens, par exemple, veulent pouvoir se reposer après leur marche. C’est ça qu’on n’a pas, tout l’aménagement qui va avec ça. »

Restauration des granges

Qui plus est, la société caresse toujours le projet de restaurer les deux granges patrimoniales du domaine. Les bâtiments, une grange en pierre du régime français datant de 1755, de même que sa voisine, une étable en bois construite en 1920, servent d’atelier et de lieu d’entreposage à l’organisme. L’OBNL désire donc les rénover pour en faire une salle multifonctionnelle, incluant un grand espace d’accueil afin de recevoir les jeunes du camp de jour et un atelier digne de ce nom pour les employés.

« On maintient l’idée qu’il faut faire quelque chose avec ces granges-là. On ne peut pas les laisser aller encore 20 ans », prévient Alain O’Neil.

Sous l’ère Labeaume, la restauration des granges avait été inscrite au Plan quinquennal d’investissements 2020-2024 de la ville. La société, elle, avait amassé 800 000$ pour ces travaux d’envergure, dont une subvention de 400 000$ de Desjardins. L’an dernier, le projet a toutefois été abandonné par la municipalité, l’administration Marchand évoquant notamment l’explosion des coûts, désormais évalués à environ 8M$.

Avec la promesse du gouvernement provincial de réaliser une promenade le long du fleuve à l’est, la transformation de l’autoroute Dufferin-Montmorency en boulevard urbain, le développement de l’écoquartier d’Estimauville, sans oublier la fermeture de l’usine de Médicago et l’abandon du projet d’une zone d’innovation dans Maizerets, « quel avenir pour le domaine? », questionne le DG de la société.

« Depuis quelques années, je ne connais pas les ambitions de la ville concernant le Domaine Maizerets. Et je ne connais pas non plus les ambitions de la Commission de la capitale nationale… »

Pour M. Villeneuve, le point de départ de cette nouvelle phase de la promenade Champlain « doit être le Domaine de Maizerets ».

« Le projet de réfection des granges, c’est une occasion d’amener une utilisation encore plus multifonctionnelle du domaine, que ce soit pour des mariages, des réceptions et des congrès, mais aussi pour le fonctionnement du camp de jour et la synergie avec l’école [primaire] Dominique-Savio autour. »

Territoire agricole, site de vacances et de retraites pour les élèves et les prêtres du Séminaire de Québec, lieu occupé par l’armée britannique pendant la guerre de la Conquête : le Domaine Maizerets est un vaste parc témoin de notre passé.

« Il faut mettre tout ce volet d’histoire-là en valeur », estime le chef de l’Opposition officielle.

En poste depuis 16 ans à la Société du Domaine Maizerets, Alain O’Neil, se demande pour sa part quand le site va recevoir sa juste part.

« Un moment donné, je pense que c’est notre tour. »

« Il faut absolument que le Domaine Maizerets soit mis en valeur dans le développement du secteur. »

« Pour ça, ça prend une volonté [des décideurs publics]. »

Programmation du 40e

Enfin, il sera bientôt possible de réserver en ligne une des 200 places pour assister gratuitement à une conférence historique de Denis Angers, l’animateur de l’émission Des Chemins, des histoires, à MAtv.

« On invite la population à venir apprendre l’histoire du domaine, l’histoire de la société », annonce M. O’Neil.

Les activités prévues comprennent en outre la réalisation d’une œuvre commémorative et une parade avec des artistes. En août, le Festival des arts de la rue se tiendra exceptionnellement sur trois jours et proposera entre autres deux prestations de la troupe de cirque Flip Fabrique.

La bouche de mes canons, la bière à l’effigie du Domaine Maizerets, une New England IPA, un clin d’œil à cette célèbre réplique de Frontenac à l’émissaire de Phipps lors d’une tentative des troupes anglaises de débarquer sur le site de la Canardière, en octobre 1690.
Crédit photo: Thomas Verret

Quelques faits saillants

  • En 1984, un groupe de citoyens fonde la Corporation des loisirs Saint-Pascal pour offrir des activités de loisirs diversifiées aux résidents du quartier.
  • En 1989, l’organisme est mandaté officiellement par la ville pour prendre en charge l’animation entière et l’entretien du site.
  • Au début des années 1990, le Domaine Maizerets reçoit les travaux de la Commission Bélanger-Campeau sur l’avenir politique et constitutionnel du Québec.
  • En 1995, la Corporation, alors située dans l’ancien Centre Mgr Marcoux, déménage ses bureaux au Domaine Maizerets.
  • Aujourd’hui, la Société du Domaine Maizerets compte neuf administrateurs bénévoles, dont la présidente du conseil d’administration depuis 10 ans, Chantal Lavoie, et une dizaine d’employés permanents. Ce nombre peut grimper jusqu’à 60 personnes, de mai à octobre, soit durant la saison achalandée.
  • En 2024, le camp de jour d’été au Domaine Maizerets devient la responsabilité du Centre communautaire Mgr Marcoux.

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