La cliente en Baby Doll

Au début des années soixante, j’ai été livreur d’épicerie à vélo pour Larochelle, située sur la 14e Rue.

La cliente en Baby Doll | 15 septembre 2024 | Article par André Lévesque

Crédit photo: Image fournie par André Levesque

Au début des années soixante, j’ai été livreur d’épicerie à vélo pour Larochelle, située sur la 14e Rue.

Petite entreprise familiale, l’épicerie Larochelle assurait la livraison à domicile des « commandes » de ses clients. On téléphonait et on faisait livrer. Il y avait un livreur régulier (que l’on appelait « commissionnaire ») et un autre à temps partiel. J’étais l’employé à temps partiel, travaillant les vendredis soir et les samedis, hiver comme été.

La plupart des livraisons se faisaient aux alentours de l’épicerie. Dès l’ouverture du magasin, à 8 heures, les clientes téléphonaient pour une pinte de lait et un pain pour le déjeuner. Parfois, un paquet de cigarettes… Et ça pressait!

Je me rappelle que certaines dames nous recevaient en tenue légère le matin, ce qui ajoutait un certain plaisir au pourboire que nous recevions la plupart du temps.

Parmi ces clientes, mademoiselle Leclerc, qui habitait près de l’épicerie, était surnommée « la cliente en Baby Doll » : elle était toujours la première à appeler pour se faire livrer sa pinte de lait et ses deux paquets de Peter Jackson.

Aussitôt l’appel reçu, le livreur régulier et moi commencions à nous disputer pour savoir qui irait chez cette cliente si sexée. En effet, mademoiselle Leclerc, célibataire dans la trentaine, était notre préférée. Toujours souriante, et surtout, toujours aguichante dans ses tenues matinales qui laissaient entrevoir des charmes certains…

Dès qu’elle ouvrait sa porte, la magie opérait. Je déposais lait et cigarettes sur sa table de cuisine en la regardant se diriger vers sa chambre pour aller cueillir son porte monnaie. Elle se déhanchait d’une manière si sensuelle que je ne pouvais la quitter des yeux. Je croyais voir Marilyn Monroe.

Mais un jour, c’est un monsieur à l’air sévère qui ouvrit la porte de mademoiselle Leclerc. Elle avait trouvé un chum

À partir de ce jour, il n’y eut plus de dispute entre moi et le commissionnaire régulier pour aller livrer à cette adresse.

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NDLR – Identifiée dans les Annuaires Marcotte, l’épicerie Larochelle avait comme adresse le 350, 14e Rue., entre la 3e et la 4e Avenue. Clin d’Oeil Coiffure & Esthétique opère aujourd’hui à cet endroit.

André Lévesque administre le groupe Facebook Limoilou des Baby Boomers, où ce texte a été publié une première fois.

Outre cet article, on peut aussi apprécier de nombreux textes d’André dans son ebook : https://www.edition999.info/Limoilou-au-quotidien.html.

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