Le coup de foudre de Gérard

Une autre histoire triste d’un gars venant d’un milieu populaire qui tombe en amour avec une fille de la Haute ? Ben oui… mais est-ce que ça finit bien ou mal ? Lisez jusqu’à la fin.

Le coup de foudre de Gérard | 4 février 2024 | Article par André Lévesque

Patinage familial au Colisée en mars 1960.

Crédit photo: Archives de la Ville de Québec

Une autre histoire triste d’un gars venant d’un milieu populaire qui tombe en amour avec une fille de la Haute ? Ben oui… mais est-ce que ça finit bien ou mal ? Lisez jusqu’à la fin.

Gérard a 18 ans. Il vient de Limoilou. Il est entré à la Shop très jeune pour aider à subvenir aux besoins de sa famille. C’est un passionné de hockey. D’ailleurs, il joue dans un club junior. Il s’intéresse aussi à la littérature. Il lit beaucoup. Un mélange d’Ovide Plouffe et de Guillaume Plouffe. Il rêve de devenir journaliste et d’entrer un jour au Soleil comme journaliste sportif. Un rêve que ses proches jugent irréaliste. « Quand on est d’la Basse-Ville»…

À tous les dimanches soir, Gérard et son chum Albert se rendent patiner au Colisée. Gérard adore être sur la même glace que ses héros des As de Québec. Il y a aussi les filles qui viennent patiner pour rencontrer le beau gars qui les fera valser sur la patinoire au son de la Valse des patineurs.

Gérard a beaucoup de succès auprès des « belles demoiselles » comme il dit poliment. Il est beau gosse et son allure athlétique en séduit plus d’une.

Mais un soir…c’est le coup de foudre. ELLE était là !

En ce mémorable soir de décembre, Gérard tomba follement amoureux. Quand il la vit, il savait que ce serait elle, la femme de sa vie…

Bon, c’est le temps de vous décrire celle qui fait chavirer le cœur de notre Gérard.

Elle s’appelle Huguette. Elle a 17 ans et vit à la Haute-Ville sur la rue Turnbull. Sa mère vient de Stadacona, « Stocane », mais elle le cache, disant plutôt qu’elle a grandi dans une riche famille de la Grande Allée. Son père, un haut fonctionnaire, est plutôt « cool », dirait-on de nos jours. C’est un grand amateur de hockey (vous me voyez venir). Il possède des billets de saison pour les As.

Huguette étudie aux Ursulines (évidemment). Une élève dissipée qui n’est pas dans les bonnes grâces des sœurs, qui la trouvent trop tête forte. La mère de notre Huguette n’est pas très fière de sa fille unique. Elle voudrait qu’elle soit plus sérieuse, plus studieuse, afin de rencontrer un jeune homme de bonne famille promis à une profession libérale, avocat ou médecin de préférence (un cas classique).

Publicité

Revenons à la fameuse rencontre entre Huguette et Gérard…

En voyant cette jolie fille aux longs cheveux noirs, Gérard arrêta de patiner et s’appuya sur la bande pour admirer sa grâce sur patins. Elle semblait voler sur la glace. Il fut ébloui.

On passe le boutte où Gérard demande à Huguette de patiner avec lui main dans la main. Écoutons plutôt leur conversation.

— Tu viens ici souvent, demanda Gérard ?

— Le plus souvent possible. J’adore patiner au son de la belle musique.

— Tu dois rester pas trop loin du Colisée.

— Non, non, je reste à la Haute-Ville. Et toi ?

— Moi j’reste pas loin… (etc, etc.)

Et voilà ! La glace est rompue (pas la glace du Colisée quand même). Il parla un peu de lui, elle parla beaucoup d’elle…Gérard ne la trouva pas snob pour une fille de la Haute-Ville. Huguette fut impressionnée par ce beau gars qui s’intéressait à un tas de choses et qui avait un grand rêve. Ils promirent de se revoir le dimanche suivant…

Suite de l’histoire…

Ils se revirent souvent et firent même des projets d’avenir. Mais un Basse-Vilain peut-il fréquenter une Haute-Villoise sans que les parents de cette dernière s’y opposent fermement ? Voyons deux scénarios :

Scénario à la manière d’un roman Harlequin…

Après plusieurs semaines de fréquentation à la patinoire du Colisée, étant passés du doux premier baiser au « French kiss » foudroyant, Huguette proposa à son amoureux de le présenter à sa famille. Elle l’avertit que sa mère était une vraie snob… mais Gérard n’eut aucune crainte.

La mère d’Huguette s’attendait à rencontrer un jeune homme rustre, un gars de la Basse-Ville ne pouvant être « bien élevé ». Elle fut surprise de se trouver en présence d’un jeune homme distingué, qui s’exprimait fort bien et qui était ambitieux.

Le père, de son côté, fut séduit par Gérard, un excellent hockeyeur qui jouait maintenant pour les As Juniors. Gérard parla longuement de son rêve de devenir journaliste sportif au Soleil. Quelques mois plus tard, grâce au père d’Huguette qui avait des contacts au journal, Gérard y entra comme apprenti-journaliste.

Je ne sais pas s’ils se marièrent et eurent de nombreux enfants. Ça se pourrait.

Scénario à la manière d’un roman qui finit mal…

Quand Huguette annonça qu’elle fréquentait un gars de la Basse-Ville, sa mère faillit s’évanouir, elle qui rêvait que sa fille épouse un type bien, comme un professionnel de la Haute.

Elle fit son chantage habituel auprès de sa fille, l’implorant de quitter ce Gérard qui n’était pas de son rang et lui rappelant sa santé fragile. « Tu vas faire mourir ta mère ! », dit-elle, l’argument choc des mamans déçues de leurs enfants.

Huguette menaça de faire une fugue, d’aller vivre avec Gérard dans la Basse-Ville.

Devant ces menaces, la mère envoya Huguette en plein milieu de l’année scolaire dans un pensionnat pour filles à Amqui.

Et pour que ce soit encore plus triste…

Huguette pleura Gérard pendant des mois dans la chapelle du triste pensionnat. Elle trouva une certaine paix en devenant religieuse chez les Sœurs Divines du Sacré Nom de Marie. « Je suis la fiancée de Jésus », répétait-elle (Jésus étant un bel homme comme Gérard).

C’est tu assez larmoyant comme fin ?

*     *     *

N.D.L.R. Commentaire  de l’auteur :

« Réalité ? Un peu… J’allais patiner au Colisée, mais je n’ai jamais eu de coup de foudre. C’est en patinant au Parc Ferland que j’ai eu un gros « kick » pour la jolie Huguette Cataford de la rue Mont-Thabor ! »

On peut aussi apprécier de nombreux textes d’André Lévesque dans son ebook : https://www.edition999.info/Limoilou-au-quotidien.html

Lire aussi :

La belle Julie de l’école Marie-de-l’Incarnation

Dumais, sur la 14e Rue, arrêtait me chercher à tous les matins pour aller jusqu’à l'é[...]

Lire sur Monlimoilou

25 décembre 1957 : un Noël sans neige

St-Georges Côté, l’annonceur vedette de CKCV, le prince des annonceurs de Québec, anno[...]

Lire sur Monlimoilou

Soutenez votre média

hearts

Contribuez à notre développement à titre d'abonné.e et obtenez des privilèges.

hearts
Soutenir