Les particules fines dans l’air ambiant plus élevées à Limoilou qu’ailleurs

Slavko Sebez, M. Sc. Santé communautaire, a été impliqué plusieurs années comme représentant de la santé publique dans le dossier de la qualité de l’air en Basse-Ville. Dans cette lettre, il souligne de nouveau la dégradation de la qualité de l’air dans Limoilou au cours des derniers jours.

Encore la fin de semaine dernière, les concentrations de particules fines (PM2,5) dans l’air  ambiant à Limoilou étaient plus élevées qu’ailleurs dans la région de la Capitale-Nationale.  Effectivement, la station du réseau de surveillance de la qualité de l’air «Québec-secteur du  Vieux-Limoilou» affichait une mauvaise qualité de l’air pour la majeure partie de la journée du 17  août 2024.

Selon les données provenant du Réseau de surveillance de la qualité de l’air du  Québec (RSQAQ), les concentrations atmosphériques maximales de PM2,5 mesurées à Limoilou  atteignaient le plafond sur l’échelle de l’IQA (indice de la qualité de l’air) [1]. Rappelons que la  valeur maximale affichée sur l’échelle de l’IQA est 75, soit 52,5 µg/m3 pour les particules fines  (PM2,5). Pour leur part, les concentrations atmosphériques maximales de PM2,5 mesurées dans  les deux autres stations de la région de Capitale-Nationale étaient largement inférieures au  plafond de 75 sur l’échelle de l’IQA.

De plus, une augmentation des concentrations ambiantes de PM2,5 a été observée également à  Limoilou le 14 août 2024. Les concentrations ambiantes de PM2,5 dans le secteur de Limoilou  dépassaient le seuil de 50 sur l’échelle de l’IQA, soit 35 microgrammes par mètre cube (µg/m3).  Cependant, on constate encore que les concentrations ambiantes de PM2,5 dans les deux  autres stations de la région de la Capitale-Nationale ne dépassaient pas le seuil de 35 µg/m3 et affichaient une qualité de l’air acceptable pour la même période de la journée. À titre informatif, indiquons également que la limite de concentration pour les PM2,5 recommandée par  l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) est de 15 μg/m3 (moyenne sur 24 heures) [2].

Malgré le fait que ces épisodes de mauvaise qualité de l’air soient relativement peu fréquents,  d’autres cas similaires indiquent une disparité entre les concentrations ambiantes de PM2,5  mesurées par les stations de surveillance de la qualité de l’air de la région de la Capitale-Nationale. Effectivement, une autre augmentation isolée des concentrations ambiantes de PM2,5 à Limoilou a été observée le 30 septembre 2023.

Donc, on peut conclure avec certitude qu’une augmentation isolée des concentrations  ambiantes de PM2,5 à Limoilou est causée par les émissions provenant de sources locales  présentes dans le secteur. Ces émissions affectent de façon significative la qualité de l’air  ambiant dans le secteur de Limoilou.

Précisons que les PM2,5 sont rejetées continuellement par les sources locales de pollution  présentes dans le secteur (l’usine Papiers White Birch, l’incinérateur de la Ville de Québec, Port  de Québec, etc.). Cependant, une augmentation des concentrations ambiantes de PM2,5 est  observable lorsque les conditions météorologiques sont défavorables à la dispersion des  émissions. Par exemple, un vent faible ou l’absence de vent peut favoriser l’accumulation des  polluants dans l’air.

Soulignons que, même si les émissions de PM2,5 provenant de sources locales présentes dans le  secteur évaluées individuellement respectent les normes imposées par le ministère de  l’Environnement, les effets combinés des activités humaines et des phénomènes naturels sont  susceptibles d’engendrer des effets cumulatifs. «Ces effets accumulés peuvent être importants  même si les effets de chaque action, évalués individuellement, sont considérés comme  négligeables [3]».

Rappelons également que de nombreuses études épidémiologiques ont mis en évidence des  associations à court terme entre les niveaux ambiants de particules et une augmentation de la  mortalité, des admissions hospitalières et des consultations médicales [4]. Ces effets concernent  l’appareil respiratoire, mais également l’appareil cardiovasculaire.

En conclusion, il est évident qu’il est très important de bien informer les résidents du secteur de Limoilou sur la qualité de l’air ambiant afin qu’ils puissent prendre toutes les précautions  nécessaires pour protéger leur santé. Soulignons que les autorités concernées recommandent  de vérifier la qualité de l’air avant d’effectuer un déplacement ou de pratiquer une activité à  l’extérieur [5].

Sources

[1] L’indice de la qualité de l’air (IQA), https://www.iqa.environnement.gouv.qc.ca/contenu/index.asp

[2] Organisation mondiale de la Santé (OMS), Lignes directrices mondiales de l’OMS sur la qualité de l’air, 2021, https://www.who.int/fr/news-room/questions-and-answers/item/who-global-air-quality-guidelines

[3]  Guide du praticien sur l’évaluation des effets cumulatifs, Gouvernement du Canada, Février 1999, https://publications.gc.ca/collections/Collection/En106-44-1999F.pdf

[4] Évaluation scientifique du smog au Canada : faits saillants et messages clés : chapitre 2, Gouvernement du Canada,  juin 2017, https://www.canada.ca/fr/environnement-changement-climatique/services/pollution-atmospherique/publications/evaluation-scientifique-smog-faits-saillants/chapitre-2.html

[5] Gouvernement du Québec, Prévenir les effets de la pollution de l’air sur la santé, https://www.quebec.ca/sante/conseils-et-prevention/sante-et-environnement/prevenir-les-effets-de-la-pollution-de-l-air-sur-la-sante