Quelques dizaines de membres du personnel et de personnes inscrites en francisation se sont levées aux aurores mercredi matin pour manifester devant le Centre Louis-Jolliet. L'objet de leurs doléances : la fermeture de classes de francisation un peu partout au Québec et l'allongement de listes d'attente.
Mobilisation pour la francisation devant le Centre Louis-Jolliet
Quelques dizaines de membres du personnel et de personnes inscrites en francisation se sont levées aux aurores mercredi matin pour manifester devant le Centre Louis-Jolliet. L’objet de leurs doléances : la fermeture de classes de francisation un peu partout au Québec et l’allongement de listes d’attente.
Les bruits de trompettes et les cris se faisaient entendre tôt ce matin devant le Centre Louis-Jolliet, dans Limoilou. L’établissement d’éducation des adultes offre également des cours de francisation aux nouveaux arrivants.
Cette mission serait cependant mise à mal par des coupures en francisation.
Pas juste de la grammaire
À travers les messages véhiculés lors de la manifestation, on a notamment voulu rappeler que ces cours de francisation allaient bien au-delà de l’apprentissage de nouveau vocabulaire ou de règles de grammaire.
«Aller à l’école en francisation, ce n’est pas uniquement recevoir la formation grammaticale du niveau 1 à 4. La francisation, c’est de la socialisation, c’est la découverte de la culture québécoise, c’est du contact interculturel», soutient Virginie Leblanc, intervenante sociale depuis 13 ans.
Mme Leblanc était accompagnée de Natalia, qui suit des cours de francisation depuis un an et demi au Centre Louis-Jolliet.
«C’était vraiment important la francisation, parce qu’avant ça, j’avais peur de parler, même à l’épicerie. Je ne pouvais pas demander des choses, j’avais peur tout le temps. J’essayais tout le temps de parler en anglais, parce que je ne savais pas comment m’exprimer», ajoute celle qui est arrivée de Colombie quatre mois avant le début de ses cours.
Elle entrevoit «une perte énorme» pour les nouveaux arrivants qui n’auraient pas accès rapidement à ces formations.
«Pour moi, ma vie a commencé ici quand j’ai commencé la francisation», nous dit-elle dans un excellent français.
On veut comprendre
Une enseignante de 15 ans d’expérience avoue se trouver «un peu dans le néant» actuellement et souhaite comprendre le plan du gouvernement Legault.
«On a des budgets qui sont amputés. Habituellement, on a accès à beaucoup plus que ça, on peut offrir beaucoup plus [à nos étudiants]. Là, on se retrouve devant des chiffres un peu incompréhensibles, qui forcent nos écoles à couper dans les services», soutient-elle, en mentionnant vouloir protéger son identité.
De son côté, le ministre de l’Immigration, de la Francisation et de l’Intégration Jean-François Roberge réfute l’existence de ces coupures. Au cours de ses entrevues dans les derniers jours, il affirme que les centres de service scolaire ont choisi de mettre le financement dans les premiers mois, plutôt que d’étaler l’argent disponible sur une année complète.
Ce budget atteindrait 251,3 M$, incluant l’argent destiné à certains organismes communautaires qui offrent aussi de la francisation.
M. Roberge ajoute qu’il y aurait 170 000 personnes à franciser chaque année, mais que le gouvernement n’aurait pas la capacité financière de franciser tout ce monde.
«Manque de franchise»
Ces explications ne satisfont pas Pascal Paradis, député de Jean-Talon et porte-parole du Parti québécois pour la Capitale-Nationale, croisé lors de la manifestation.
«On a un gouvernement qui a contribué à ce que globalement, on perde le contrôle des seuils d’immigration, ce qui a fait exploser le nombre de personnes à franciser. Ensuite, ce même gouvernement de la CAQ dit : “ben, la francisation, c’est essentiel à la survie de la nation”. Ce gouvernement ensuite coupe les cours de francisation», déplore M. Paradis.
Il soutient que le gouvernement Legault et le ministre Roberge font preuve d’un «manque de franchise» dans ce dossier.
«J’ai déposé à l’Assemblée nationale, au Salon rouge, les règles budgétaires adoptées en 2024, par son propre gouvernement. Ce sont les documents du gouvernement du Québec qui indiquent, qu’exceptionnellement, cette année, 2024-2025, la référence budgétaire, ça va être 2020-2021, plutôt que l’année passée.»
«Qu’est-ce qui s’est passé en 2020-2021? C’était une année de pandémie. Il y avait peu ou pas d’immigration. Ce qui veut dire qu’on a coupé les budgets par rapport à l’année passée. C’est clair, les chiffres sont clairs», affirme le député péquiste.
Au centre Louis-Jolliet, on craint que 225 élèves n’aient plus accès à la francisation la semaine prochaine et qu’une douzaine de postes en enseignement soient coupés.
Correction : une version précédente de l’article mentionnait que le Centre Mgr Marcoux recevait du financement de la part du ministère de l’Immigration, de la Francisation et de l’Intégration, ce qui n’est pas le cas. Bien qu’il offre depuis 20 ans des ateliers d’intégration en français, il a en revanche obtenu pour une première fois cette année un financement de 25 000$ de la Ville de Québec.
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1201, rue de la Pointe-aux-Lièvres, Québec (Québec), G1L 4M1
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