Mathieu Massicotte a quitté un emploi dans une agence de marketing il y a deux mois pour se concentrer sur un projet entrepreneurial qui sort de l'ordinaire, des plaques commémoratives numériques, une rare tentative d'innovation dans le milieu funéraire. En un mois, il cumule 5000$ de ventes. Ce sont tous des gens qui dédient un espace en ligne à un être cher décédé.
Plateforme Heritage : la commémoration à l’ère du numérique
Mathieu Massicotte a quitté un emploi dans une agence de marketing il y a deux mois pour se concentrer sur un projet entrepreneurial qui sort de l’ordinaire, des plaques commémoratives numériques, une rare tentative d’innovation dans le milieu funéraire. En un mois, il cumule 5000$ de ventes. Ce sont tous des gens qui dédient un espace en ligne à un être cher décédé.
La valeur des souvenirs
« En rentrant sur le marché du travail, j’ai réalisé que ce n’était peut-être pas pour moi de travailler pour quelqu’un d’autre. Pour moi, l’entrepreneuriat, c’est beaucoup un échange de valeurs et je trouvais que je n’avais pas assez un impact en étant employé. Il y avait clairement une dissonance, parce que je voulais que mon produit ait un impact social aussi, une valeur ajoutée dans la vie des gens », confie l’entrepreneur de 25 ans en entrevue au café Le Kogi.
Technologie du code QR
Ces plaques commémoratives en acier inoxydable de quatre pouces par quatre pouces peuvent être installées sur une pierre tombale ou accotées sur une urne. En scannant un code QR, on accède donc au profil d’un proche décédé. On peut y retrouver une biographie et des souvenirs tels que des photos, vidéos et même la voix de la personne dans certains cas.
En fait, les gens remplissent les sections qu’ils souhaitent de façon autonome. Au besoin, une assistance est disponible sur demande. Mais il paraîtrait que « c’est aussi facile que de se créer un compte Facebook ».
Dans le profil d’un défunt, on trouve également un arbre généalogique.
« L’objectif avec ça, c’est de faire des liens intergénérationnels, d’avoir une trace de chaque profil au fil du temps », explique Mathieu Massicotte.
Les profils sont publics ou privés (sur invitation seulement). Il est possible aussi d’y accéder en rentrant les accès sur le site web de Plateforme Heritage.
Produit en développement
« C’est vraiment un produit en phase un », précise le résident de Limoilou.
La prochaine étape consiste à développer « le B to B », le commerce entreprise à entreprise, avec les centres et les maisons funéraires. Dans un domaine traditionnel et hermétique comme celui du funéraire, « c’est vraiment une autre game ». Rien cependant pour décourager Mathieu Massicotte qui croit en son produit.
Ce dernier souligne d’ailleurs que la crainte des gens avant de mourir, bien souvent, est qu’on les oublie, et qu’il ne reste plus rien de leur passage sur terre après leur mort.
Alors que 77 500 personnes sont décédées au Québec en 2023, le fondateur de Plateforme Heritage se demande « qu’est-ce qu’il nous reste d’elles », tout compte fait, « si ce n’est que des photos dans des tiroirs, des photos et vidéos éparpillés sur des cellulaires, des souvenirs qui vont s’estomper au fil du temps ».
Mathieu Massicotte voit également des futures possibilités de collaboration avec des experts en généalogie ou des organisations spécialisées dans cette pratique.
« Ce que j’aimerais en phase deux, c’est d’avoir des partenaires, consultants ou peu importe, qui pourraient aider les familles dans leurs recherches pour retracer l’histoire de vie de leur famille », mentionne le Limoulois.
Chose certaine, c’est important pour lui que le produit « reste abordable » autant que faire se peut.
Plateforme Heritage propose 13 modèles de base à 189$ avec un logo différent gravé dessus par une machine de fibre laser, ainsi qu’un modèle personnalisable sur mesure à 289$. Ces plaques commémoratives numériques sont faites avec des matières durables et 100% québécoises.
Grâce à « Jean-Jean »
L’idée de cette innovation pour le moins inattendue dans le milieu funéraire a germé dans son esprit, il y a quelques années, quand son grand-papa « Jean-Jean » (Jean-Marie) était aux prises avec de graves problèmes de santé.
« La bonne nouvelle, c’est qu’il est encore vivant à ce jour, mais on a vraiment eu peur de le perdre pendant ces semaines-là », raconte le jeune homme natif de la Rive-Sud de Québec.
« Je me suis demandé alors ce qui se passait après la mort, je me suis posé de grosses questions existentielles! »
« Ce qui m’a frappé, c’est que mes enfants et petits-enfants n’allaient peut-être pas pouvoir connaître c’était qui mon grand-père, qu’est-ce qu’il avait fait de sa vie. C’est un entrepreneur, il fait le meilleur pain au raisin (sic) bref, il fait plein de trucs et eux n’auront pas la chance de le connaître comme moi je le connaissais. »
Mathieu Massicotte s’est inscrit à des concours en entrepreneuriat et entend saisir toutes les opportunités de faire connaître davantage l’entreprise qu’il développe depuis un an.
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