Un résident du Vieux-Limoilou propose de verdir le stationnement municipal d'une ruelle située derrière le café Nektar de la 3e Avenue, entre les 10e et 11e rues, en plein cœur de ce quartier bétonné. Même s'il vient d'essuyer un refus de la ville, Jonathan Seaborn rêve toujours que les enfants du voisinage puissent, un jour, y jouer en toute sécurité et que les gens du coin ou de passage aient accès à un espace pour se détendre.
Un projet de verdissement citoyen pour embellir la vie dans une ruelle du Vieux-Limoilou « laissée à l’abandon »
Un résident du Vieux-Limoilou propose de verdir le stationnement municipal d’une ruelle située derrière le café Nektar de la 3e Avenue, entre les 10e et 11e rues, en plein cœur de ce quartier bétonné. Même s’il vient d’essuyer un refus de la ville, Jonathan Seaborn rêve toujours que les enfants du voisinage puissent, un jour, y jouer en toute sécurité et que les gens du coin ou de passage aient accès à un espace pour se détendre.
Ce père de famille de trois enfants a présenté, dernièrement, à la municipalité cette initiative citoyenne s’inscrivant « dans une perspective d’amélioration du milieu de vie par le verdissement et la réappropriation des espaces partagés par les habitants ».
Après « un tour de roue des équipes » du Service de la planification de l’aménagement et de l’environnement, on lui a répondu « qu’il n’y a pas de besoin prioritaire associé à une enveloppe à court terme pour le site identifié, qui permettrait de réaliser le projet actuellement ».
Contexte un peu « far west »
La ruelle en question se trouve derrière l’un des segments les plus achalandés de la principale artère commerciale du Vieux-Limoilou. Ce petit bout de rue est sous la responsabilité de la Direction principale des biens non réclamés de Revenu Québec, à l’instar de la très vaste majorité des ruelles orphelines du quartier, pour ne pas dire l’ensemble. Les responsabilités d’entretien reposent toutefois entièrement sur les propriétaires riverains, à l’exception du déneigement effectué par la ville.
Cette ruelle est en partie utilisée de manière commerciale. D’une part par la municipalité, puisqu’elle donne accès à ce stationnement d’une quinzaine de places. Les commerces avoisinants de la 3e Avenue l’utilisent également pour les livraisons. Les automobiles et les camions l’emploient aussi comme axe de transit, pour « sauver du temps » comme on dit.
Malgré cette utilisation, la ruelle n’est cependant pas reconnue comme une voie publique. Elle est donc dépourvue de règles routières.
Salubrité, entretien et sécurité
Aux dires de Jonathan Seaborn, « l’absence de limite de vitesse et de dos d’âne » compromet la sécurité des « riverains, jeunes et moins jeunes ». Tout ce brouhaha occasionné par les véhicules « rend ce lieu hostile pour les habitants et les familles qui voudraient y jouer, y séjourner ou encore simplement le traverser ».
Ce dernier décrit l’espace comme étant « laissé à l’abandon ».
« Dans ce parking, il y a tellement une mauvaise gestion des matières résiduelles, des poubelles et du recyclage, que c’en est un peu dégueu. »
Les aménagements projetés
Son projet vise uniquement le stationnement de « propriété ville ». Celui-ci comprend notamment la plantation de 15 arbres à grand déploiement ainsi qu’une soixantaine d’autres arbustes, en plus de plantes vivaces et de couvres-sol en grande quantité. Ces plantations garantiraient « une température confortable » pendant les chaudes journées de l’été et contribueraient à améliorer la qualité de l’air respirée par les habitants du Vieux-Limoilou. Il inclut en outre l’installation de bancs et la création d’espaces de détente.
Bref, « un environnement naturel » où les résidents, les passants et les travailleurs pourraient se poser en toute quiétude. Un endroit qui servirait d’abri aux nombreux îlots de chaleur qu’on retrouve dans ce quartier parmi les plus pollués de la province.
Un site avec un « beau potentiel »
Alors que la Ville de Québec travaille à augmenter l’indice de canopée sur son territoire et à créer des milieux de vie plus résilients aux changements climatiques, M. Seaborn, lui, y voit un emplacement stratégique.
À ses yeux, ce projet de déminéralisation et de verdissement engendrerait des impacts positifs significatifs sur la population locale.
« Tous les bénéfices apparaissent comme énormes. Et le projet dans son ensemble est porteur d’une vision des villes du futur où la santé et le bien-être seront toujours possibles », écrit-il dans son document de présentation étoffé, qui tient en 16 pages, images et références à l’appui.
Critères de priorisation
De son côté, la municipalité s’appuie sur des critères socio-environnementaux lorsque vient le temps d’analyser des projets.
« Actuellement, nous sommes souvent à bonifier des projets de réfection d’infrastructures prévus par des actions qui améliorent la résilience des milieux. L’objectif de la démarche de priorisation est de pouvoir prioriser des enveloppes sans qu’un besoin en réfection ait besoin d’être à l’origine de l’investissement », explique cette dernière.
En d’autres mots, le projet porté par Jonathan Seaborn est loin d’être inintéressant en soi, mais il obtient une moins grande pondération que d’autres dans la grille d’évaluation de la ville.
« La priorisation des investissements est réalisée en fonction des budgets disponibles et suivant une analyse des besoins, en équité avec les priorisations de l’ensemble des besoins d’aménagement », précise un porte-parole municipal, Jean-Pascal Lavoie.
« Par exemple, les projets de réfection d’infrastructures sont priorisés sur les terrains municipaux. Une fois une intervention priorisée, la Ville effectue des analyses relatives aux différentes composantes des milieux de vie, comme le dynamisme des artères commerciales, la mobilité active, les besoins en habitation et le potentiel de déminéralisation à des fins de verdissement. Finalement, le type d’aménagement à réaliser est déterminé à la lumière de ces analyses », explique le chef d’équipe aux relations de presse au Service des communications de la Ville de Québec.
Un projet « souhaité » dans le quartier
Bien des personnes ont entendu parler du projet de Jonathan Seaborn dans le Vieux-Limoilou. C’est le cas entre autres du conseil de quartier, de l’OBLN Emprises – espaces urbain et de la conseillère Jackie Smith. Chose certaine, les gens du quartier partagent le désir qu’un espace vert voit le jour à cet endroit, un souhait de longue date pour plusieurs d’entre eux, dont le principal intéressé.
« Il y a beaucoup de monde qui aimeraient que ce stationnement soit transformé en mini-parc de proximité », indique pour sa part Mme Smith.
« Je reçois des demandes de parents qui me disent que ça serait le fun d’avoir un parc comme ça dans les ruelles et là, on a un espace », souligne l’élue municipale de Limoilou.
« Je trouve ça toujours encourageant quand un citoyen développe un projet solide comme ça pour le proposer à la ville. J’espère qu’on pourra le réaliser parce qu’il faut vraiment verdir le quartier. »
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