La nouvelle application RevolvAir Pollution permet d'identifier les principaux types de polluants atmosphériques dans son quartier, en plus de savoir quelles entreprises les émettent et même dans quelle proportion.
RevolvAir Pollution : une appli pour mieux comprendre la pollution industrielle
La nouvelle application RevolvAir Pollution permet d’identifier les principaux types de polluants atmosphériques dans son quartier, en plus de savoir quelles entreprises les émettent et même dans quelle proportion.
Lancée tout récemment, la plateforme RevolvAir Pollution regroupe actuellement les données de 7 300 sources de pollution industrielle au Canada.
Accès à l’information
« On voulait que les données des entreprises soient transparentes et accessibles facilement pour les citoyens », explique le fondateur Guillaume Simard.
Le logiciel RevolvAir Pollution collige les données d’une trentaine de substances nocives pour la santé, dont les particules fines (PM2,5). Ainsi, l’utilisateur navigue sur le site par type de polluants et peut faire des recherches par entreprise, province ou ville.
Une carte par imagerie satellite donne un aperçu de la dévastation causée par la pollution sur un espace donné. Il est possible de voir la répartition des entreprises qui émettent les mêmes polluants dans un rayon de cinq kilomètres et de générer un pourcentage. On peut aussi consulter un rapport des vents dominants pour évaluer la dispersion des contaminants atmosphériques.
« D’avoir une rose des vents comme ça, c’est intéressant pour les citoyens qui peuvent savoir si ces émanations-là vont être dirigées vers leur quartier. »
En intégrant « un petit widget », les villes peuvent quant à elles afficher les usines polluantes du territoire sur leur site Internet pour informer la population.
« Ce qu’on veut faire, c’est de faciliter l’intégration de ces données-là au niveau des villes », mentionne M. Simard.
Pour leur part, les citoyens demeurant près d’une source de pollution sont invités à l’ajouter au site.
En fait, l’outil interactif s’adresse à toutes les personnes qui désirent en savoir plus sur la pollution atmosphérique ou améliorer la qualité de l’air.
« L’objectif, finalement, c’est que les entreprises diminuent leurs émanations et leurs gaz à effet de serre. »
Les données sont d’ailleurs associées avec une étude de Santé Canada de 2022, selon laquelle chaque réduction d’une tonne d’émissions de particules fines engendrerait une économie de 340 000 à 520 000$ en frais liés à des problèmes de santé et à leurs conséquences pour la société.
« Toute émission de particules fines près des citoyens a un impact sur la santé des plus jeunes, des plus vieux et des plus vulnérables. »
Toujours selon M. Simard, plusieurs entreprises industrielles gagneraient à mieux connaître les polluants qu’elles émettent, de même que ceux de leurs semblables.
« Quand tu te rends compte que deux entreprises ont les mêmes polluants, bien peut-être qu’elles devraient s’allier en recherche et développement pour diminuer ces polluants-là […] Parfois, les rejets d’une entreprise peuvent être les intrants d’une autre entreprise. »
Données publiques
Les données proviennent principalement de l’Inventaire national des rejets polluants. Ce registre fédéral mesure les contaminants dans l’air, l’eau ou le sol provenant de quelques 7 000 installations au pays. RevolvAir Pollution rassemble également les données de 700 stations de qualité de l’air gouvernementales ou de sciences citoyennes.
Son fondateur souligne que les données sont possiblement sous-estimées, puisqu’elles sont fournies par les entreprises, mais qu’elles sont tout de même produites « sur la base d’informations solides, ouvertes et transparentes ».
« Après, ça va être utile pour les élus qui ont des décisions importantes à prendre. De traiter et d’analyser ces données-là, ça peut demander beaucoup de temps, puis parfois ce n’est pas facile. Je voulais donc les rendre disponibles », ajoute le résident de Québec.
Ces données peuvent servir aussi aux employés de ces entreprises polluantes, « qui ne sont peut-être même pas au courant de l’impact que peut avoir ces polluants sur leur santé ».
Enseignant au Cégep de Sainte-Foy et chercheur au Centre en imagerie numérique et médias interactifs, Guillaume Simard a créé l’application RevolvAir Pollution avec des étudiants collégiaux passionnés par le développement d’applications Web.
Projet amorcé dans Limoilou
Le projet est la suite de RevolvAir Dash, un outil d’analyse en ligne permettant d’explorer les données de 80 capteurs d’air installés sur des terrains privés et municipaux du Vieux-Limoilou, Lairet et Maizerets depuis 2022. Le portrait de ces trois quartiers est donc plus complet sur la nouvelle plateforme.
« J’ai rencontré beaucoup de gens inquiets de la qualité de l’air à Limoilou. […] Puis, on a parlé énormément du nickel, mais il y a bien d’autres polluants d’émis par ces entreprises-là. Je trouvais ça important d’au moins donner l’information [existante] et de la rendre accessible à ces citoyens-là », précise M. Simard.
RevolvAir Pollution vise d’autre part à ouvrir un dialogue avec les élus. En cliquant sur un onglet du site, on peut écrire au député provincial de sa circonscription et lui poser des questions. Ce canal de communication est une manière de poursuivre la discussion au sujet de la qualité de l’air.
Cette plateforme est disponible sur tous les appareils numériques, que ce soit à partir d’un ordinateur, d’un cellulaire ou d’une tablette. Une application mobile est présentement en cours de développement.
Afin de vous familiariser avec l’appli, voici la fiche de l’incinérateur de la Ville de Québec.
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