Ruelles : Limoilou et Montréal, deux réalités aux antipodes

Ce jeudi 21 mars, la conseillère de Limoilou Jackie Smith organisait un deuxième sommet consacré aux ruelles du Vieux-Limoilou. Pour l'occasion, elle avait invité deux personnes fortement impliquées dans des projets de ruelles vertes ou bleues-vertes à Montréal. Plusieurs ont constaté que les projets inspirants de la métropole peuvent difficilement s'impliquer dans Limoilou, en raison de la situation juridique toujours floue dans laquelle se trouvent ses ruelles.

Ruelles : Limoilou et Montréal, deux réalités aux antipodes | 22 mars 2024 | Article par Simon Bélanger

Crédit photo: Jean Cazes

Ce jeudi 21 mars, la conseillère de Limoilou Jackie Smith organisait un deuxième sommet consacré aux ruelles du Vieux-Limoilou. Pour l’occasion, elle avait invité deux personnes fortement impliquées dans des projets de ruelles vertes ou bleues-vertes à Montréal. Plusieurs ont constaté que les projets inspirants de la métropole peuvent difficilement s’impliquer dans Limoilou, en raison de la situation juridique toujours floue dans laquelle se trouvent ses ruelles.

Le 23 novembre dernier, Jackie Smith avait organisé un premier sommet sur le sujet, durant lequel plusieurs riverains des ruelles du Vieux-Limoilou ont pu partagé leur découragement face à différents enjeux auxquels ils sont confrontés.

Cette fois-ci, la conseillère municipale et cheffe de Transition Québec a voulu voir comment la gestion des ruelles en milieu urbain se passait ailleurs au Québec. Clélia Sève, directrice générale du Regroupement des Éco-quartiers, et Vincent Ouellet Jobin, chargé de projets et développement au Centre d’écologie urbaine, ont répondu à l’appel de Mme Smith pour illustrer la situation montréalaise.

Près de 40 personnes étaient réunies cette fois-ci au Centre communautaire Jean-Guy Drolet.

Enjeux montréalais

Mme Sève et M. Ouellet Jobin ont présenté quelques projets qui ont eu lieu dans les dernières années à Montréal, en plus d’aborder les défis qui peuvent attendre les citoyens voulant revitaliser leur ruelle.

La pérennité de la mobilisation, le manque de connaissances fines dans la gestion des plantes et le syndrome du «pas dans ma cour» ont notamment été évoqués.

«Un des gros enjeux, c’est que la démocratie n’est pas toujours respectée. Même si on passe par un processus de porte-à-porte et qu’on reçoit le soutien d’une grande majorité, explique-t-elle. Un homme est déjà sorti en pyjama, pendant que la “pépine” était là, pour bloquer le projet Â», illustre Mme Sève.

Reste que, malgré les difficultés, le statut des ruelles de Montréal est bien différent de celles dans Limoilou.

Jackie Smith, conseillère municipale de Limoilou, a invité Clélia Sève (au micro) et Vincent Ouellet Jobin pour présenter la réalité des ruelles à Montréal.
Crédit photo: Simon Bélanger - Monlimoilou

Gestion par arrondissement vs ruelles orphelines

Premier constat : la situation juridique des ruelles de Montréal n’a pas grand chose à voir avec celles du Vieux-Limoilou. Là-bas, elles sont gérées par les différents arrondissements. Ainsi, si des groupes citoyens veulent s’impliquer dans un projet de transformation en ruelle verte, elles peuvent être accompagnées par leur arrondissement.

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Dans le Vieux-Limoilou, plusieurs personnes semblent se buter à une situation rappelant la Maison des Fous des 12 travaux d’Astérix, en raison du statut plus que flou des ruelles. Une bonne majorité d’entre elles sont considérées comme des biens sans maîtres appartenant à Revenu Québec. Ainsi, il faudrait l’approbation de cette agence gouvernementale pour autoriser des travaux de revitalisation ou verdissement dans les ruelles, ce qui n’est pas aisé à obtenir.

Jackie Smith explique elle-même avoir tenté de communiquer avec Revenu Québec. On lui aurait répondu qu’il fallait prouver dans le registre foncier que la ruelle appartient à Revenu Québec, ce qui semble impossible à prouver.

Dans d’autres cas, les ruelles appartiennent à des successions (comme celle d’Eugène Lamontagne, entre autres). Encore une fois, il semble impossible de communiquer avec un quelconque propriétaire, selon l’expérience d’une citoyenne.

La mobilisation s’organise

Lors du premier sommet organisé par Jackie Smith, une bonne partie des gens présents affirmait que la solution inévitable passait par la municipalisation des ruelles. En d’autres mots, la Ville de Québec serait maintenant responsable des ruelles, au même titre que les autres artères de la ville.

Pour plusieurs, cette proposition permettrait de sortir d’un flou juridique, qui fait notamment en sorte que le Service de police de la Ville de Québec (SPVQ) ne peut pas intervenir dans les ruelles pour contrôler la vitesse ou pour interdire le stationnement où ce n’est pas officiellement permis.

Jusqu’à maintenant, la Ville de Québec ne semblait pas chaude à l’idée. Le maire Bruno Marchand a toujours rejeté cette proposition. Un comité d’experts avait déjà été mis sur pied, mais plusieurs estiment que les recommandations n’étaient pas complètes.

Un comité paritaire, qui réunirait des propriétaires riverains et des représentants de la Ville, devrait quand même éventuellement se rencontrer. De plus, trois fonctionnaires de la municipalité étaient présents lors de la soirée, affirmant être «surtout en mode écoute».

Aussi, le conseil de quartier du Vieux-Limoilou a initié la formation d’une table de concertation des ruelles, afin de faciliter l’organisation de la mobilisation.

«Avec le comité paritaire, on sent qu’il y a une belle ouverture de la ville. On va essayer de s’infiltrer là-dedans Â», ajoute Bernard Jeffrey, de la ruelle de la Caserne, citoyen impliqué depuis longtemps pour tenter de revitaliser sa ruelle.

Suggestions

Parmi les propositions, les deux émissaires montréalais ont suggéré de ne pas lâcher la pression, puisque la mobilisation citoyenne serait la clé pour faire avancer différents projets.

Clélia Sève rappelle que plusieurs outils existent pour se faire entendre, que ce soit en interpellant les médias, en écrivant des lettres ouvertes ou ne relâchant pas la pression sur l’administration. Elle a d’ailleurs rappelé que les élections de 2025 pourraient être un bon moment pour ramener le sujet à l’avant-plan. Des citoyens ont aussi proposé l’idée de se présenter en masse à un conseil municipal pour poser des questions au maire.

«La visibilité, c’est la clé. Dès qu’on se met sur la place publique, on provoque les scandales Â», ajoute Mme Sève.

De son côté, Jackie Smith assure qu’elle continuera de poser des questions et de mettre de la pression sur le maire, le directeur général (Luc Monty) et Mélissa Coulombe-Leduc, conseillère responsable de l’urbanisme sur le comité exécutif.

Cet article bénéficie du soutien de l’Initiative de journalisme local, financée par le gouvernement du Canada.

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