Visite des habitations Marie-Clarisse : un modèle d’habitations inclusives qui semble faire des jaloux

Sur la 18e Rue, près de l'Hôpital de l'Enfant-Jésus, se dresse depuis deux ans et demi un immeuble qui accueille les habitations Marie-Clarisse, un modèle d'habitations inclusives en mixité sociale, qui accueille notamment des personnes vivant avec une déficience intellectuelle et des personnes autistes.

Visite des habitations Marie-Clarisse : un modèle d’habitations inclusives qui semble faire des jaloux | 1 novembre 2024 | Article par Simon Bélanger

Logement d'une locataire des habitations Marie-Clarisse.

Crédit photo: Simon Bélanger

Sur la 18e Rue, près de l’Hôpital de l’Enfant-Jésus, se dresse depuis deux ans et demi un immeuble qui accueille les habitations Marie-Clarisse, un modèle d’habitations inclusives en mixité sociale, qui accueille notamment des personnes vivant avec une déficience intellectuelle et des personnes autistes.

Jeudi après-midi, les représentants de l’Association pour l’intégration sociale de la région de Québec (AISQ) étaient fiers de présenter et de faire visiter le premier de cinq projets d’habitations inclusives. Cette conférence de presse avait lieu en présence du maire de Québec, Bruno Marchand.

Les habitations Marie-Clarisse, c’est un immeuble de 106 logements. Du lot, 39 servent à hébergent des personnes autistes ou vivant avec une déficience intellectuelle (DI). Celles-ci ont droit à leur propre appartement et peuvent vivre de façon autonome.

Il s’agit du premier de cinq projets (terminés ou en cours) à voir le jour à Québec, suivants ce même modèle. On les retrouve à Charlesbourg, Sainte-Foy et Duberger – Les Saules.

En septembre 2025, 168 personnes autistes ou vivant avec une DI auront accès à un logement dans l’un des cinq bâtiments.

Vue des habitations Marie-Clarisse, depuis la 18e Rue.
Crédit photo: Simon Bélanger

Un projet qui pourrait des petits

D’entrée de jeu, le maire de Québec a voulu souligner l’importance de ces habitations développées par l’AISQ.

«Ici on a un modèle extraordinaire, qui mérite d’être nommé, souligné, surligné, qui mérite d’être mis en valeur. […] Offrir un toit, c’est quelque chose d’assez fondamental. […] C’est même un projet […] qui est en train de faire des petits et les gens de Montréal viennent visiter lundi prochain pour venir voir comment ils pourraient importer le modèle», se réjouit Bruno Marchand.

Des gens sont aussi venus de la France pour tenter de voir comment adapter ce modèle à leur environnement.

Ces établissements proposent des services de soutien communautaire adaptés en logement communautaire à ses résidents vivant avec une DI ou avec un trouble sur le spectre de l’autisme (TSA).

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Des intervenants en éducation spécialisée, en psychologie ou en travail social sont présents 7 jours sur 7, 10 heures par jour.

«Ce modèle favorise également l’autonomie en logement, l’autodétermination, la stabilité résidentielle et la participation citoyenne, en plus de prévoir des initiatives rassembleuses comme des cuisines collectives et des jardins communautaires», peut-on aussi lire dans un communiqué.

Le maire de Québec Bruno Marchand a eu droit à une visite des installations des habitations Marie-Clarisse, incluant la cuisine collective.
Crédit photo: Simon Bélanger

Inquiétudes des parents

Plusieurs parents s’inquiètent de l’avenir de leurs enfants quand ils ne seront plus là pour s’en occuper.

«Étant moi-même parent d’un fils autiste avec une déficience légère et le spectre de l’autisme, je peux témoigner de la capacité de ces personnes à se développer et s’épanouir. Par contre, je peux aussi vous parler de nos inquiétudes, comme parent, quant à l’avenir de notre fils lorsque nous n’y serons plus», témoigne John Mackay, président du conseil d’administration de l’AIQ.

Avantage économique

Pour Gilles Beaulé, directeur général de l’AISQ, l’apport économique de ces habitations ne doit pas être négligé, non seulement pour les résidents, mais aussi pour leurs proches.

Il illustre le fait que des parents arrêtent de travailler pour s’occuper de leur enfant, en plus de la possibilité pour les résidents eux-mêmes de socialiser et de se trouver un emploi. D’ailleurs, 30 des 39 personnes accueillies par l’AISQ dans les habitations Marie-Clarisse se trouvent sur le marché du travail.

«Ce service qu’ils reçoivent, de notre part et de la part du CIUSSS, ça se fait à un coût modique […]. Ça représente des coûts de l’ordre de 5 025$ par année par personne. Si on regarde d’autres modèles d’habitation qu’on voit ailleurs au Québec, dans d’autres organismes, ça se chiffre autour de 15 000$», ajoute M. Beaulé.

Le coût d’opération annuel moyen des habitations inclusives est évalué à moins de 150 750$.

Une vie qui a changé pour Carl Morneau

Carl Morneau est un locataire qui a vu sa vie changer lorsqu’il s’est installé dans les habitations Marie-Clarisse. Il vit désormais à L’Albédo, un autre projet de l’AISQ, situé à Sainte-Foy.

Il vivait auparavant dans une maison de chambre, avec un loyer qui lui revenait à 1000$ par mois, dans des conditions beaucoup moins sécuritaires.

«Ce n’est pas facile. En chambre et pension, tu vis avec plusieurs personnes. Tu ne sais pas ce qu’ils vont faire. Est-ce qu’ils vont prendre de la boisson, […] de la drogue? […] Quand l’AISQ [est] venu cogner à la porte et que la personne m’a demandé “Carl, veux-tu faire partie du projet d’habitation?”, [j’ai embarqué] tout de suite. C’est ce qui fait en sorte que ma vie a commencé à [se] développer», explique Carl Morneau.

Celui-ci a suivi des cours pour apprendre diverses tâches du quotidien pour apprendre à vivre en appartement, comme faire du ménage ou faire un budget.

Carl Morneau, locataire, nous fait découvrir la terrasse sur le toit des habitations Marie-Clarisse.
Crédit photo: Simon Bélanger

Très volubile, Carl n’a pas hésité à répondre aux questions pendant la conférence et à faire faire le tour du propriétaire au maire et à divers autres intervenants.

Il a été notamment possible de voir la cuisine communautaire, la cour intérieure, le logement d’une locataire, ainsi qu’une terrasse sur le toit. Celle-ci, en plus de compter sur un jardin communautaire, offre une vue magnifique sur la ville de Québec.

Dans la région de la Capitale-Nationale, environ 3% de la population vivrait avec une DI ou un TSA, ce qui équivaut à environ 23 000 personnes. L’AISQ estime qu’environ 300 personnes vivant avec une DI légère ou modérée ou un TSA de niveau 1 ou 2, avec un potentiel d’autonomie, auront besoin d’avoir leur propre chez-soi dans les prochaines années.

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