Cégep Limoilou : entre surprises et déceptions

Ce sont des citoyens surpris, déçus, voire carrément insultés à qui nous avons parlé aujourd'hui concernant le Cégep Limoilou.

Cégep Limoilou : entre surprises et déceptions | 11 octobre 2023 | Article par Thomas Verret

Crédit photo: (Simon Bélanger)

Ce sont des citoyens surpris, déçus, voire carrément insultés à qui nous avons parlé aujourd’hui concernant le Cégep Limoilou.

Le Cégep Limoilou songe à changer de nom, citant les « connotations du quartier », titrait Radio-Canada mardi (hier), causant la surprise générale à Limoilou.

« Les membres sont restés pas mal surpris », commente le président de la Société historique de Limoilou, Daniel Papillon.

Un ancien étudiant du Cégep Limoilou et actuel résident du quartier, Félix Étienne, partage ce sentiment.

« Ç’a été une très mauvaise surprise disons », résume le jeune homme qui s’est établi à Limoilou après ses études.

Sentiment d’appartenance

M. Étienne témoigne de l’attachement des Limoulois envers leur quartier, envers leur cégep aussi.

Ici pas mal tout le monde a une identité de Limoilou. C’est l’impression que j’ai à la lumière des réactions que j’observe », constate celui dont le message est devenu viral sur Facebook.

La conseillère municipale de Limoilou appuie ses dires.

« On est fiers d’habiter à Limoilou et le Cégep Limoilou fait partie de notre quartier », renchérit Jackie Smith.

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Elle non plus ne comprend pas la connotation négative qui pourrait être associée au nom Limoilou.

« Tellement de gens et d’entrepreneurs innovants choisissent de s’établir dans le quartier. C’est un secteur que tout le monde recherche. Il y a toute une communauté aussi qui supporte cette innovation sociale, les initatives locales », ajoute Mme Smith.

Citoyens, organismes et élus de Limoilou se questionnent présentement sur les intentions réelles du cégep.

« Honnêtement, je suis content de savoir que le cégep n’a pas pris de décision par rapport à ça », exprime pour sa part le député provincial de Jean-Lesage, Sol Zanetti.

M. Zanetti, à l’instar de bien d’autres citoyens, s’est senti « insulté » en lisant l’article du journaliste Raphael Beaumont Drouin.

« Que des consultants externes puissent suggérer qu’on change de nom parce Limoilou a une connotation négative, que le quartier est porté d’une mauvaise réputation, je trouve ça franchement insultant », peste l’élu solidaire qui se dit « profondément attaché » au Cégep Limoilou.

« La suggestion de cette firme de consultants privés, ça démontre une méconnaissance du milieu, considère-t-il. Parce qu’il n’y a probablement aucun quartier à Québec où le sentiment de fierté est aussi fort. C’est quelque chose Limoilou. »

Aux yeux de la députée fédérale, le Cégep Limoilou est un « emblème de fierté du quartier ».

« Lorsque je pense à Limoilou, je pense à la solidarité entre les gens, au sentiment d’appartenance, à l’innovation, à la culture, aux arts, au pouvoir de mobilisation, aux luttes citoyennes qui sont tous des moteurs pour améliorer ce qui doit être amélioré », estime Julie Vignola.

Et l’impact du cégep dépasse les frontières du campus principal de la 8e Avenue, toujours selon elle.

« Les campus sont des lieux où les étudiants peuvent avoir confiance que les valeurs et la qualité de l’enseignement sont accessibles ailleurs que sur le lieu principal d’enseignement, poursuit l’élue bloquiste de Beauport-Limoilou. C’est un rayonnement de ces valeurs, de cette qualité d’enseignement et par ricochet, pour le Cégep Limoilou, des forces du quartier. »

Ainsi, la déception apparaît généralisée au sein de la population limouloise.

C’est ce que perçoivent les membres du Conseil de quartier du Vieux-Limoilou. L’organisme réservera un point à l’ordre du jour lors de sa prochaine assemblée, le 18 octobre, dans le but d’initier un échange avec les dirigeants du cégep.

« On veut ouvrir le dialogue avec eux », indique le président Raymond Poirier.

« Pas de changement de nom en vue », répond le cégep

De son côté, le Cégep Limoilou nie catégoriquement travailler sur un changement de nom. Pour l’institution postsecondaire, « il n’y a pas de nouvelle » là.

« On n’est pas dans une démarche de changement de nom », nous jure sa porte-parole Josyka Lévesque.

Cette dernière confirme cependant qu’un atelier sur l’identité du cégep a eu lieu hier soir. Et que l’une des questions portait sur le nom du cégep, un « élément fondamental » à aborder avec les différents campus qui partagent ce nom.

« C’est un changement avec lequel nous allons vivre pour des années, c’est important de se poser toutes les questions, de soulever toutes les roches », image-t-elle.

Mme Lévesque assure également que « l’objectif n’est pas d’aller à l’encontre des gens de Limoilou », loin de là.

Qu’il s’agit plutôt de l’amorce d’une réflexion en profondeur sur l’identité du cégep afin de le faire rayonner, qu’il soit reconnu pour les efforts de son corps professoral, de ses élèves, de ses employés; encore plus qu’il ne l’est déjà.

« Ce sont des travaux de positionnement comme n’importe quelle organisation peut faire », avance-t-elle.

La conseillère en communication, responsable des relations avec les médias, rappelle finalement que le Cégep Limoilou en est encore qu’au tout début du processus.

« Il n’y a pas d’agenda précis. Nous en sommes qu’à l’étape de discussions. »

Un dossier à suivre

Chose certaine, les résidents tiennent à leur cégep, au nom Limoilou. La population reconnaît son importance dans le quartier, et ce, depuis longtemps.

Le président de la Société historique de Limoilou dresse d’ailleurs un parallèle avec le nom de l’arrondissement La Cité-Limoilou. Au tournant des années 2010, alors que la Ville de Québec passait de 6 à 8 arrondissements, des citoyens s’étaient mobilisés pour que le nom Limoilou reste. Et il est resté.

Daniel Papillon ne doute pas qu’une mobilisation semblable se reproduira, si le cégep décide de faire la même chose.

« On aime notre quartier de Limoilou, notre cégep, nous en sommes fiers et je ne vois pas comment on pourrait aller à l’encontre de ça », conclut M. Papillon.

Cet article bénéficie du soutien de l’Initiative de journalisme local, financée par le Gouvernement du Canada.

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