Les Yankees et les Dodgers de Limoilou

Été 1955

« Est-ce que Ti-Gilles peut venir se pitcher avec moi dans la ruelle ?« Pas asteure, on est encore à table » me répondait sèchement sa mère.Et ça se répétait à tous les jours de l’été.J’étais l’emmerdeur pour la famille de Ti-Gilles.J’arrivais avec ma mitt de baseballImmanquablement à l’heure des repas.Quand Gilles avait fini de mangerIl prenait son gant et sa balle de baseballEt on s’installait dans la ruellePrès de la maison des DumaisMoi, le catcheur et lui le pitcheur.On plaçait un bout de bois par terreQui nous servait de marbre, de plate, qu’on disait.On commençait lentementPour se réchauffer.Gilles lançait d’abord des balounesDes balles faciles à attraper.Puis, il essayait ses balles courbesEt ses balles rapides. Et ça faisait malDans mon gant peu rembourré.Gilles était fan des Yankees.Il se prenait pour Whitey FordLeur célèbre lanceur.Moi, plus Dodgers que Yankees,J’étais Roy Campanella, le receveur.Ti-Gilles jouait au baseball organiséDans une vraie ligue.Moi, c’était plutôt le baseball désorganiséDans les ruelles.Quand les balles que je ne pouvais pas attraperFinissaient de plus en plus leur trajectoire sur la 14e RueEt que monsieur Dumais nous regardait de traversOn enfourchait nos bicyclesEt on finissait de se pitcher au Parc FerlandÀ deux pas de chez nous.Là, il y avait un vrai backstopEt un vrai marbre, une plaque pour le lanceurEt de vrais buts, et des lignes blanches…Et c’est alors que nous étions les Yankees et les Dodgers de Limoilou.

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