Fin du Publisac : coup dur pour Le Carrefour

Semaine noire dans les médias. Après les pertes d'emplois à TVA, la fin du Publisac. Un véritable coup de massue pour de nombreux petits journaux locaux.

Fin du Publisac : coup dur pour Le Carrefour | 7 novembre 2023 | Article par Thomas Verret

TC Transcontinental met fin au Publisac.

Crédit photo: Thomas Verret

Semaine noire dans les médias. Après les pertes d’emplois à TVA, la fin du Publisac. Un véritable coup de massue pour de nombreux petits journaux locaux.

C’est le cas du Carrefour de Québec qui perd le distributeur de sa version papier TC Transcontinental.

Pris de court

Le propriétaire Martin Claveau redoutait ce moment.

Même s’il s’en « attendait un peu », reste qu’on n’est jamais vraiment prêt à recevoir une mauvaise nouvelle de la sorte.

« Ce genre d’affaire-là, si tu as le cancer et que tu te fais dire que ç’a fini à telle date, ça te touche plus à ce moment-là », illustre l’éditeur de ce journal indépendant domicilié sur la 5e Rue.

« Mais je pensais que j’aurais plus de temps que ça », laisse-t-il tomber.

En janvier, le Publisac sera remplacé par un nouveau feuillet publicitaire plié en quatre, le circulaire raddar. Postes Canada en fera la distribution.

Le Carrefour pourrait aussi passer par la Société canadienne des postes, mais le tarif est le triple du Publisac.

Le Bloc Québécois demande d’ailleurs au gouvernement Trudeau de « faire pression » sur cette société d’état fédérale indépendante afin que celle-ci distribue les journaux locaux et régionaux à « un tarif préférentiel ». La députée de Beauport-Limoilou, Julie Vignola, appelle la ministre du Patrimoine canadien, Pascale St-Onge, et Postes Canada à « assumer leurs responsabilités ». Il en va de la survie de ces hebdos, de l’accès à l’information, « un élément clé » dans une démocratie saine, plaide-t-elle.

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Martin Claveau ne fonde toutefois pas beaucoup d’espoir en cette solution.

« Les tarifs de Postes Canada n’ont jamais bougé, d’aucune façon. Je pense qu’ils créeraient un précédent (en faisant ça). S’ils le font, j’aimerais ben ça, mais je n’irai pas militer avec ma pancarte pour ça, parce que je n’y crois pas tant que ça. »

Martin Claveau s’attend à ce que l’édition papier de janvier soit la dernière distribuée par TC Transcontinental via le Publisac, qui ne sera bientôt plus qu’un vestige du passé.

Le Carrefour pourrait également opter pour une distribution en présentoir ou un virage complet sur le web.

M. Claveau ne ferme pas la porte au pire scénario non plus.

« Je pourrais décider de fermer aussi, d’arrêter. Ça me tente pas de faire ça. Ce n’est pas mon choix. »

La mutation des médias

Le Carrefour de Québec génère d’autres sources de revenus avec la production du magazine de la FADOQ, ainsi que des services de rédaction et de graphisme, entre autres.

« Ça nous rend moins dépendant du journal comme on l’a déjà été. Mais ça reste quand même que c’est une affaire importante… »

Le Carrefour est paru pour la première fois en 1995. À cette époque, le journal papier était à la vogue. C’est moins le cas aujourd’hui compte tenu des habitudes de consommation, de l’impact environnemental, constate Martin Claveau.

« Les jeunes ne sont plus là. »

Cela dit, plusieurs personnes plus âgées, moins habituées aux nouvelles technologies, apprécient lire un journal papier.

« Pour certains, ça demeure l’une de leur seule source d’informations, ils sont de moins en moins nombreux, mais il y en a quand même. »

Au cours des dernières années, le journal du Vieux-Limoilou a entrepris une transition vers le numérique. Mais ce virage ne s’effectue pas en criant ciseau.

« C’est un long processus », explique M. Claveau.

« Parce ce que nous autres, on était dans quelque chose avant. Quand tu fais des choses et que ça fonctionne, tu n’as pas tendance à tout sacrer là pour faire autre chose complètement. »

Le blocage des nouvelles sur Facebook par Meta affecte également la découvrabilité et l’accès aux contenus du Carrefour.

« Ç’a nous a un peu coupé l’herbe sous le pied. On était en montée de ce côté-là, sans être exponentielle, ça progressait. Et là, ç’a stallé, ç’a diminué, ça se stabilise un peu, mais ça reste pareil qu’on n’a pas remplacé Facebook par les autres réseaux sociaux encore. Ça va prendre du temps avant que ça se place », indique Martin Claveau.

N’en demeure pas moins que ce dernier en a vu des changements se produire depuis 30 ans dans le domaine mouvant des médias. Seulement dans la décennie qui vient de passer, Québecor a vendu ses hebdos à TC Media, qui les a ensuite revendus à Metro Media, qui a mis la clé à la porte dernièrement. Et voilà que c’est au tour du Publisac de disparaître.

Pendant ce temps, Le Carrefour de Québec est toujours là. Qui l’eut cru?

Pas le principal intéressé en tout cas.

« Jamais de la vie! »

Le Carrefour compte présentement sept employés permanents : quatre journalistes, dont deux à temps plein, trois représentants, une graphiste et l’éditeur lui-même.

Jusqu’à preuve du contraire, le travail continue. The show must go on, comme on dit.

Le journal Le Carrefour de Québec couvre la Haute-Ville et la Basse-Ville, de même que les secteurs de Vanier, Duberger-Les Saules, Charlesbourg, Beauport, Sainte-Foy et Sillery.

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