Malaise sur la 3e Avenue

parkletÉDITORIAL / Comme nous l’apprenait récemment Viviane Asselin, le stationnement pour piétons de la 3e Avenue quittera dans quelques semaines Limoilou, suivant sa vente à une Société de développement commerciale (SDC) de Montréal, dans le quartier Griffintown. Une décision qui soulève autant les passions que les questions.

parkletÉDITORIAL / Comme nous l’apprenait récemment Viviane Asselin, le stationnement pour piétons de la 3e Avenue quittera dans quelques semaines Limoilou, suivant sa vente à une Société de développement commerciale (SDC) de Montréal, dans le quartier Griffintown. Une décision qui soulève autant les passions que les questions.

Depuis l’annonce du départ du placottoir, les commentaires affluent de toutes parts : résidents frustrés de perdre un lieu rassembleur, commerçants et partenaires déçus et surpris de ne pas avoir été consultés au préalable.Imaginé par notre équipe en 2014 pour souligner les 6 ans de Monlimoilou.com, le stationnement pour piétons n’aurait pu voir le jour sans l’appui de partenaires et bénévoles du quartier : la firme d’architecture Groupe A Annexe URénovation Séquoia, responsable de la réalisation ; Éco horticole, chargé de l’aménagement paysager ; et plusieurs partenaires financiers dont la Ville de Québec, la Caisse Desjardins de LimoilouMonlimoilou.com, la SDC 3e Avenue et d’autres encore.

Or, la SDC 3e Avenue a décidé de vendre un bien qui lui a été cédé gratuitement, sans avoir consulté au préalable les partenaires initiaux du projet et sans avoir pris en compte la propriété intellectuelle des concepteurs. Comment se fait-il que toutes les heures bénévoles investies dans le projet et les sommes importantes de la part des partenaires d’origine (plus de 30 000 $) n’aient pas été reconnues ? N’aurait-il pas été respectueux de d’abord tenter de le léguer à un partenaire ? La Ville de Québec, par exemple, n’aurait-elle pas pu saisir l’occasion de devenir la gestionnaire d’un tel espace public ?

La SDC justifie sa décision par un coût d’entretien annuel élevé de l’installation et par des contraintes de modification liées à la présence de la piste cyclable sur la 3e Avenue. Comme l’ont suggéré plusieurs, pourquoi ne pas avoir déplacé la plateforme sur une rue perpendiculaire proche de l’avenue ? La vitalité de la 3e Avenue ne devrait pas uniquement se refléter par ce qui se produit sur son artère, mais dans le quartier tout entier.

Le Vieux-Limoilou vient de perdre un élément phare de son paysage, se privant d’un projet qui aura sans aucun doute offert la plus grande visibilité régionale au quartier depuis plusieurs années. Souvenons-nous de la foule présente lors des deux premières éditions, et de la forte présence médiatique et politique. La SDC 3e Avenue a-t-elle vraiment tout fait pour assurer l’avenir de cette installation à Limoilou ?

La SDC perd de vue sa mission ?

Une lecture du site Internet de la SDC 3e Avenue nous en apprend beaucoup sur sa mission et ses objectifs : « stimuler la vitalité économique, culturelle et sociale, conjuguer architecture et créativité, impliquer les résidents dans son développement »… C’est d’ailleurs dans cet esprit que le stationnement pour piétons lui a été cédé en 2014.

Or, quelques événements des derniers mois nous portent à croire que ces objectifs sont loin des préoccupations de l’administration actuelle. Rappelons que le financement d’une SDC est partagé par le montant des cotisations perçues des commerçants de son district et par une subvention annuelle de la Ville de Québec, et ce, jusqu’à un montant maximal de 50 000 $ par année. Donc, chacun des citoyens finance les activités d’une SDC. Aussi peut-on s’interroger sur, notamment, l’absence d’implication dans plusieurs événements phare du quartier, la disparition de certaines activités (Miracle sur la 3e Avenue), des décisions principalement orientées vers des clientèles extérieures au quartier (places VIP lors de la parade des jouets, Limoilove), le manque de collaboration avec des organismes qui ont forgé l’identité du quartier (Limoilou en vrac), le manque de soutien pour de nouveaux événements (Marché public de Limoilou)… À la lumière de ces cas qui nous interpellent, comment la SDC remplit-elle sa mission, elle qui, de surcroît, a d’abord refusé le siège offert au conseil de quartier, avant de se raviser ?2015-04-17-3e-avenue-ml-01

La SDC répondra qu’elle développe « un plan stratégique » pour l’artère. Cela nous amène à un autre exemple d’occasion manquée. Monlimoilou.com a appris que des étudiants de l’École d’aménagement du territoire de l’Université Laval ont choisi la 3e Avenue pour réfléchir à l’avenir de celle-ci sous l’angle de sa vitalité et de ses aménagements. Lors d’une présentation de l’avancement de leur travail, le 30 mars dernier, aucun représentant de la SDC n’était présent, bien qu’elle y ait été invitée. Cet exercice aurait certainement permis d’étoffer sa réflexion sur le développement de l’artère.Les exemples comme ceux-ci abondent ; plusieurs commerçants et citoyens ne reconnaissent plus le dynamisme qui caractérisait jusqu’à tout récemment la relation entre les acteurs du milieu. Des SDC de la ville de Québec envient pourtant la 3e Avenue, qui semble munie de tous les atouts pour s’épanouir.

Espérons donc que la SDC 3e Avenue pourra se recentrer rapidement sur sa mission et saura mettre à profit sa créativité pour un autre projet aussi rassembleur, pour le quartier, que celui du stationnement pour piétons.

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(Avec la collaboration d’Érick Rivard.)

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