José fleuriste a pris racine en 1956 au coin de la Canardière et Henri-Bourassa. Seize ans plus tard, l’entreprise familiale s’implantera au cœur d’un Vieux-Limoilou qui a bien changé depuis…
José fleuriste : 60 ans d’héritage suisse à Limoilou
José fleuriste a pris racine en 1956 au coin de la Canardière et Henri-Bourassa. Seize ans plus tard, l’entreprise familiale s’implantera au cœur d’un Vieux-Limoilou qui a bien changé depuis…
Exprimant avec émotion une vive reconnaissance envers ses parents, Claude Audergon nous a raconté pendant une bonne heure la jolie histoire de la boutique de la 3e Avenue qu’il administre depuis 1980 avec sa conjointe Sylvie Bélanger.
Je le fais en particulier à la mémoire de mon père, qui nous a quittés en janvier et dont on désire souligner l’héritage pour notre 60e anniversaire », nous a-t-il confié en amorçant son récit.
L’attrait du Nouveau Continent
En 1924 naît en Suisse José Audergon. À 17 ans, il s’inscrit à la réputée école helvète Châtelaine, alors surnommée « l’université des horticulteurs ».
Mon père s’est spécialisé en arboriculture, surtout dans les arbres fruitiers. Il a pratiqué son métier en Italie, en Allemagne et finalement en Angleterre par l’intermédiaire d’un programme d’immigration du Commonwealth. »
Par ce même programme, parlant anglais et se débrouillant en français, M. Audergon pose le pied à Québec en 1953. Sitôt arrivé, il est engagé par l’un des plus gros entrepreneurs de la ville : Jos Cauchon, propriétaire de l’Hippodrome.
Mon père entretenait les terrains de la piste de course. Moins d’un an plus tard, M. Cauchon lui a vendu ses deux serres de la 80e Rue, à Charlesbourg. Mon père a ajouté les fleurs à la production d’arbres et d’arbustes. Simultanément, il était aménagiste-paysagiste, l’un des premiers à Québec dans ce domaine. »
En honneur d’un premier fils
Pour la dizaine – à peine – de fleuristes de la ville de l’époque, José Audergon produit « chrysanthèmes, marguerites et pots fleuris, très en demande en particulier lors des fêtes religieuses ». Vite confronté à un surplus de production, c’est à ce moment qu’il décide de fonder son propre commerce de détail de vente de fleurs coupées.
José fleuriste ouvre en 1956 à l’intersection du chemin de la Canardière et du boulevard Henri-Bourassa, dans un immeuble qui a été reconstruit depuis. Il a choisi ce nom tout simple avant tout pour honorer mon frère, José junior, né deux ans avant moi. Mon père me confiera plus tard que c’était aussi dans l’idée que son premier fils prendrait un jour la relève… »
Claude explique qu’il a été initié tout jeune à sa future profession, « d’abord en faisant des semis dans les serres ». Tout comme le benjamin…
Sauf que mon frère était plutôt de type “machine”, et il est d’ailleurs devenu mécanicien. Moi, j’étais davantage “artiste” : j’avais la fibre des fleurs ! Mon père m’amenait dans les marchés floraux, et dès l’âge de 8 ans, il m’a intégré dans la boutique où l’on demeurait tout près. Au début, je faisais l’entretien, montais des boîtes, faisais un peu d’arrangements de fleurs… J’apprenais tout en réalisant que je préférais de loin le travail avec le public à celui dans les serres. Un caractère, j’imagine, hérité des Suisses ! À 10 ans, mon père me confiait déjà des responsabilités comme vendeur à temps partiel. »
Au cœur du Vieux-Limoilou
En 1972, soit 16 ans après sa fondation, l’entreprise déménage au coin de la Canardière et de la 3e Avenue. Non pas sur son site actuel, mais juste en face…
Mon père avait accepté une offre très bon marché, avant tout parce qu’il trouvait l’endroit idéal pour desservir sa clientèle bien établie dans le quartier : un ancien Shell, là où se trouve aujourd’hui le stationnement du Jean Coutu. Alors, nous avons décidé d’en faire quelque chose de “top”, de ce garage délabré : on a enlevé les vieux chars qui traînaient, nettoyé l’endroit, peinturé l’extérieur, puis posé la pancarte “José fleuriste” ! Et nous sommes restés là près de huit ans. »
Durant ces années, Claude suit des cours de perfectionnement dans le domaine, « comme ceux qui se donnent à Fierbourg ». Puis son père l’inscrit en 1975 à l’Université Laval en administration et commerce, certificats qu’il complétera des années plus tard, le soir, tout en travaillant à temps plein avec ses parents.
Ancienne banque, nouvelle vocation
À petite échelle, la première relocalisation du commerce s’inscrit au début d’un long processus de revitalisation du centre du Vieux-Limoilou auquel a contribué d’une certaine façon la famille Audergon. Le site de José fleuriste étant dès lors convoité par les promoteurs, le quotidien de la famille s’en trouvera de nouveau bouleversé durant quelques mois, en 1979.
Mon père a conclu une transaction incluant l’acquisition, en face, de notre immeuble actuel. Une Banque nationale avait déjà occupé le rez-de-chaussée du 595, 3e Avenue. Nous l’avons réaménagé pendant qu’on vivait et tenait boutique dans une roulotte, sur le parking, puisqu’ils démolissaient notre “ancien garage” en vue d’ériger le bâtiment abritant aujourd’hui la pharmacie. Puis on a déménagé pour une dernière fois en janvier 1980… »
Cette même année, à l’aube d’une retraite bien méritée qu’il prendra trois ans plus tard, M. Audergon vend son entreprise à Claude.
J’ai alors engagé Sylvie pour le remplacer. En 1998, ma mère m’a vendu le bâtiment, et j’ai donc repris ainsi le logement familial que j’avais quitté en 1984. On y a élevé nos deux enfants qui ont aussi travaillé dans la boutique et fréquenté, tout comme moi, les écoles du quartier. »
« Fais ce que t’aimes, dans la vie »
Depuis 36 ans déjà, Claude et sa conjointe assurent la pérennité de José fleuriste, « que l’on se doit, en mémoire de mon défunt père et aussi pour ma mère, de toujours bien entretenir ». Il souligne à titre d’exemple leur projet de rénovation de la devanture qu’ils comptent mener à terme d’ici deux ans, incluant l’amélioration de l’accès aux personnes à mobilité réduite.
Mon père me disait : “Fais ce que t’aimes dans la vie, et peu importe ce que tu veux faire, sois un bon administrateur.” Je l’ai écouté, et nous avons poursuivi dans cet esprit. Même si la fleuristerie est devenue beaucoup plus complexe aujourd’hui que dans son temps, on travaille dans un domaine qui est l’fun, on respire “une bonne air” qui donne de l’énergie, si bien qu’on peut pratiquer ce métier jusqu’à 80 ans, ce qui sera peut-être notre cas ! »
José fleuriste
595, 3e Avenue
418 523-6901
Pour en savoir plus ...
595, 3e Avenue, Québec (Québec), G1L 2W4
595, 3e Avenue Québec (Québec), G1L 2W4
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