Le projet de zone d’innovation InnoVitam, situé entre les quartiers Maizerets et du Vieux-Moulin, participerait à la hausse des loyers et un plus grand nombre d’évictions de locataires, selon les représentants de la Table citoyenne Littoral Est. Ils réclament un plan d’urgence pour le logement à la Ville de Québec.
Pour la Table citoyenne Littoral Est, InnoVitam contribue à la crise du logement
Le projet de zone d’innovation InnoVitam, situé entre les quartiers Maizerets et du Vieux-Moulin, participerait à la hausse des loyers et un plus grand nombre d’évictions de locataires, selon les représentants de la Table citoyenne Littoral Est. Ils réclament un plan d’urgence pour le logement à la Ville de Québec.
En marge du premier conseil municipal de 2023, la Table citoyenne Littoral Est avait convoqué les médias devant les marches de l’hôtel de ville de Québec, afin de dénoncer le processus de gentrification qui affecterait le secteur visé par le projet InnoVitam.
Pour le regroupement citoyen, cette zone d’innovation provoquerait une importante pression immobilière. Elle contribuerait aussi à une gentrification déjà en cours dans le secteur, accentuée par l’apparition de condos de luxe dans les dernières années.
« Il faut rappeler que les populations des quartiers du Littoral Est ont des revenus largement inférieurs aux revenus moyens dans la ville de Québec et qu’il s’agit de populations particulièrement vulnérables, comme des personnes immigrantes, des personnes seules ou des chambreurs », affirme Marie-Hélène Deshaies, présidente de la Table citoyenne Littoral Est.
En plus de nouvelles constructions, Mme Deshaies rapporte « six à sept fois » plus d’appels reçus par le Bureau d’animation et information logement du Québec Métropolitain (BAIL) au cours des trois dernières années, pour des « reprises de possession, des rénovictions, des évictions pour subdivision, agrandissement ou changement d’affectation ».
Pour elle, le projet de zone d’innovation contribuera à « la prédation immobilière » dans ce secteur de Québec. C’est pourquoi la Table citoyenne Littoral Est interpelle le maire Bruno Marchand.
« Celui-ci doit prendre ses responsabilités et agir dès maintenant. Avec son projet de zone d’innovation, la Ville de Québec vient mettre de l’huile sur le feu de la crise du logement », déplore Mme Deshaies.
Elle ajoute que « la ville de Québec refuse tout débat avec ses citoyennes et citoyens quant à la vocation des terrains ciblés pour la zone d’innovation, mis à part le terrain du garage municipal ».
Rappelons que plusieurs citoyens aimeraient faire du garage municipal situé au coin du boulevard Henri-Bourassa et du chemin de la Canardière un centre social autogéré.
La Ville continue d’aller de l’avant avec Innovitam, selon Marchand
Questionné lors de la conférence de presse qui précédait le conseil municipal, Bruno Marchand a réitéré le besoin d’une zone d’innovation pour le secteur, qui vient avec un financement du gouvernement provincial. Pour lui, InnoVitam n’est qu’une partie de la vision d’aménagement de la ville pour les quartiers de la Canardière. Il rappelle que des consultations ont présentement lieu auprès des citoyens.
« On est vraiment intéressés à entendre les citoyens et à bâtir avec eux. Mais ça suppose aussi la création de lieux d’emploi », affirme le maire, qui soutient qu’InnoVitam pourrait notamment attirer des entreprises de pointe dans le domaine de la santé durable.
Bruno Marchand croit aussi que la mixité sociale « va dans les deux sens » et peut à la fois impliquer la présence de logements sociaux pour personnes à faibles revenus et de condos plus luxueux.
« On sait qu’on a des besoins en logement social et abordable. Évidemment qu’on va répondre à ces besoins-là. La mixité, c’est des gens qui ont des revenus, d’autres qui en ont un peu moins, et qui sont capables de construire ensemble ce quartier-là et d’y appartenir », explique-t-il.
Déclaration « inacceptable » et « développement à l’ancienne » pour les oppositions
Alicia Despins, conseillère municipale de Québec d’abord, rappelle que l’opposition officielle soutient le projet de zone d’innovation dans le quartier Maizerets, d’abord développé sous l’administration Labeaume.
Elle croit toutefois que la Ville fait actuellement fausse route en « invalidant les préoccupations citoyennes » et avoue avoir trouvé « aberrant[e] » la déclaration de M. Marchand sur la mixité sociale.
« Pour moi, c’était comme d’entendre qu’il y avait trop de pauvres et qu’il fallait pallier ce problème-là. Je trouve ça inacceptable. Ce projet-là s’en vient dans un quartier et il doit se faire d’abord et avant tout en respect du tissu social », souligne Mme Despins, qui remplaçait lundi le chef de Québec d’abord et conseiller de Maizerets – Lairet, Claude Villeneuve.
Pour Jackie Smith, cheffe de Transition Québec et conseillère de Limoilou, opposée au projet InnoVitam, la Ville de Québec fait encore du « développement à l’ancienne ».
« Aujourd’hui, on fait des consultations publiques, mais dans les faits, rien ne change, ce sont aux multinationales qu’on offre ces terrains au centre de nos quartiers populaires. Nous vivons une crise du logement et on offre la gentrification. Nous vivons une crise écologique et on veut séduire la grande entreprise en lui offrant les berges du Saint-Laurent », a réagi Mme Smith.
Consultations à venir
Même si la Table citoyenne Littoral Est s’oppose au projet InnoVitam, elle invite la population à participer aux ateliers d’échanges organisés par la ville autour de la vision d’aménagement pour les quartiers de la Canardière.
Le jeudi 19 janvier, à 19 h, il y a notamment un atelier d’échanges sur le thème de l’habitation, pour lequel il est possible de participer en ligne ou sur place, à la maison Maizerets.
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