Ici vécut : Sylvain Lelièvre, au 245, 8e Rue

On retrouve sur différents immeubles de Québec 135 plaques Ici vécut. Elles rappellent à nos mémoires des personnes qui ont marqué à leur façon l’histoire de la ville. Sylvain Lelièvre (1943-2002) a été une figure marquante du paysage musical québécois. Sa trace est encore visible dans le quartier Limoilou.

Ici vécut : Sylvain Lelièvre, au 245, 8e Rue | 25 juin 2023 | Article par Simon Bélanger

Sylvain Lelièvre a déjà vécu au 245, 8e Rue, dans Limoilou.

Crédit photo: Simon Bélanger

On retrouve sur différents immeubles de Québec 135 plaques Ici vécut. Elles rappellent à nos mémoires des personnes qui ont marqué à leur façon l’histoire de la ville. Sylvain Lelièvre (1943-2002) a été une figure marquante du paysage musical québécois. Sa trace est encore visible dans le quartier Limoilou.

Les festivités de la Fête nationale du Québec nous permettent de célébrer le talent musical de plusieurs de nos artistes, mais aussi de souligner l’héritage laissé par ceux qui nous ont quitté trop tôt.

Sylvain Lelièvre était un auteur-compositeur-interprète et un poète de Québec, qui a malheureusement été emporté par une embolie gazeuse cérébrale en 2002. Il revenait d’un voyage aux Îles-de-la-Madeleine et a dû être hospitalisé à l’Hôtel-Dieu de Lévis. L’artiste est décédé le 30 avril 2002, à 59 ans.

Son influence est cependant toujours présente dans le paysage culturel québécois.

Enfance dans Limoilou

Sylvain Lelièvre est né en 1943, deuxième d’une famille de quatre enfants. Son père Roland Lelièvre est journaliste, tandis que sa mère Marie-Ange Hawey est comédienne. Les arts sont présents très tôt dans la vie du jeune Sylvain, qui explore différentes avenues.

Il se lance d’abord dans des études en architecture, puis étudie en lettres à l’université Laval, de 1963 à 1966. Sylvain Lelièvre écrit alors des poèmes et des pièces de théâtre pour la radio.

En parallèle, il s’intéresse aussi à la musique et joue du piano. Initié par sa tante Lucette, il apprend par lui-même et interprète Mozart, Chopin et Beethoven. Plus tard, il se produit dans des boîtes à chanson de Québec. Sylvain Lelièvre rencontre Gilles Vigneault, qui devient son ami et mentor.

Début de carrière

En 1962, la Communauté radiophonique des programmes de langue française organise le concours Chansons sur mesure. Sylvain Lelièvre remporte le premier prix avec la pièce Après l’hiver, chantée par Aimée Major.

L’année suivante, il gagne de nouveau la finale en offrant la chanson Les amours anciennes, interprétée par Monique Leyrac.

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En 1966, Renée Claude enregistre deux chansons écrites et composées par Sylvain Lelièvre : Chanson du bord de l’eau et Quand le soir descend.

Sylvain Lelièvre, 1965.
Crédit photo: Bibliothèque et Archives nationale du Québec, Fonds Antoine Desilets

Montréal et Petit matin

Sylvain Lelièvre déménage à Montréal en 1968. Il anime alors l’émission radiophonique D’un chansonnier à l’autre, sur les ondes de Radio-Canada. Il travaille aussi comme enseignant au cégep de Maisonneuve, où il crée un cours de chanson québécoise.

En plus de jouer dans des boîtes à chanson, Sylvain Lelièvre enregistre un premier album éponyme en 1973, produit sous l’étiquette Le Nordet et avec la complicité de Gilles Vigneault. On y retrouve des chansons comme Hiroshima et La partie de hockey.

L’année 1975 marque cependant son entrée dans les palmarès. L’album Petit matin connaît un grand succès, notamment grâce à la popularité de la chanson-titre. Cette chanson a été composée avec Stéphane Venne. Sylvain Lelièvre chante également en duo avec Fabienne Thibault sur la chanson Old Orchard.

De Programme double à Venir au monde

L’artiste limoulois continue de produire des succès dans les années 1970 et 1980.

Sa chanson Marie-Hélène, qui paraît sur l’album Programme double en 1976, est particulièrement remarquée. Elle demeure une de ses chansons les plus connues.

La même année, Sylvain Lelièvre assure la musique de la comédie musicale de Michel Tremblay, Les héros de mon enfance.

En 1978, l’album Sylvain Lelièvre popularise la chanson Lettre de Toronto. L’année suivante, l’artiste fait connaître ses préoccupations sociales et ses positions politiques dans l’album Intersections, sorti un an avant le premier référendum sur la souveraineté. Les paroles d’Une fois pour toutes et de Tu vas voter laissent peu de doute sur sa position sur le sujet.

En 1981, il produit un album majeur de son répertoire, Venir au monde. Pour l’occasion, il s’est adjoint les services de l’Orchestre métropolitain. En compagnie de Michel Lachance et de Vic Angelillo, Sylvain Lelièvre remporte d’ailleurs le Félix de la meilleure réalisation au gala de l’ADISQ.

Qu’est-ce qu’on a fait de nos rêves?

Sylvain Lelièvre a été prolifique, en sortant des albums à tous les deux ou trois ans.

Après Venir au monde, les années 1980 sont marquées par À frais virés (1983), Lignes de cœur (1986) et Un aller simple (1989). Ce dernier album inclut Tôt ou tard, une chanson reprise par Céline Dion et qui sonne l’alarme sur les changements climatiques.

En 1983, Sylvain Lelièvre devient le premier récipiendaire de la médaille Jacques-Blanchet, qui récompense son œuvre d’auteur-compositeur. Il s’est aussi produit à Paris en 1984, en duo avec l’harmoniciste Alain Lamontagne.

Durant la décennie 1990, Sylvain Lelièvre propose un autre album majeur de son répertoire, Qu’est-ce qu’on a fait de nos rêves? (1994). Il reçoit le Félix pour le meilleur auteur-compositeur-interprète de l’année.

En 1995, les Francofolies de Montréal lui réservent « La Fête à Sylvain Lelièvre », qui réunit notamment Beau Dommage, Michel Rivard, Daniel Lavoie, Isabelle Boulay, Danielle Oddera et sa fille Catherine Lelièvre.

Romans, jazz et hommages

Sylvain Lelièvre ne s’est pas contenté de la musique dans sa vie. Il a aussi publié des livres, dont Le troisième orchestre. Dans ce roman de 1996, Sylvain Lelièvre campe l’action dans le Limoilou des années 1950.

L’artiste explore davantage le jazz dans les années 1990, comme il semblait l’annoncer dans son album Les choses inutiles (1998). Il se produit au Festival de Jazz de Montréal et au Grand Théâtre de Québec en 2000, dans le cadre d’un spectacle en sextette.

Depuis son départ soudain en 2002, Sylvain Lelièvre a fait l’objet de nombreux hommages. La Ville de Québec a inauguré le parc Sylvain-Lelièvre en 2004, au coin du chemin de la Canardière et de la 4e Avenue. Ce parc présente des extraits de chansons de l’artiste de Limoilou.

Le parc Sylvain-Lelièvre rappelle la mémoire de l’auteur-compositeur-interprète.
Crédit photo: Simon Bélanger

Deux salles de spectacle portent aussi son nom, dont celle du Cégep Limoilou. L’autre est située au Collège de Maisonneuve. Il a également laissé son nom à des rues de Repentigny, Rimouski et Vaudreuil-Dorion.

Une salle de spectacle du Cégep Limoilou porte le nom de Sylvain Lelièvre.
Crédit photo: Simon Bélanger

En 2016, plusieurs interprètes, comme Ariane Moffatt, Louis-Jean Cormier et Isabelle Boulay prêtaient leur voix à ses œuvres, dans l’album hommage Salut Sylvain!

Un spectacle hommage, intitulé Qu’est-ce qu’on a fait de nos rêves, rassemble actuellement Joe Bocan, Florence K, Martin Théberge et Thierry Larose. Il a été présenté au Palais Montcalm au début du mois de juin 2023 et la tournée québécoise se poursuit en 2024.

En 2022, Sylvain Lelièvre a été intronisé au Panthéon des auteurs et compositeurs canadiens.

Une section du site de la Ville de Québec rassemble la liste des plaques Ici vécut.

Sources:

L’Encyclopédie canadienne, Sylvain Lelièvre

Site de Sylvain Lelièvre, Biographie

Lire aussi:

Ici vécut: Johnny Farago, au 630, rue Boisseau

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